Addendum: L'évènement est aujourd'hui
De même que l'Europe a ses annuelles "capitales européennes de la culture", les pays musulmans membres de l'OCI ont leur "capitale islamique de la culture". Le cru 2011 ne passera pas inaperçu chez les islamologues. Si Tlemcen a été choisie, ce n'est pas par hasard. La ville d'un "éminent savant musulman" selon le journal algérien El-Moudjahid (édition du 13.08), auquel il sera consacré un "colloque international" en plus d'un documentaire retraçant sa vie de 70min, sponsorisé par le ministère des Affaires religieuses et des waqf. Rien que ça ! (Voir le site officiel)
'Abd al-Karîm al-Maghîlî (1440-1493) est ce "savant" dont les dernières recherches historiques montrent qu'il fut le plus grand persécuteur des Juifs de l'histoire en Afrique du Nord, ayant enseigné une lecture drastique du code de la Dhimma, puis ayant théorisé et mis en pratique de nombreux massacres de Juifs, le but affiché étant l'extermination d'une communauté présente sur le sol d'Afrique du Nord bien avant la naissance de Mahomet . Il fait l'objet d'un chapitre entier d'une somme historique parue récemment aux Presses universitaires de Paris-Sorbonne, L'exil au Maghreb-La condition juive sous l'islam 1148-1912, co-écrit par Paul Fenton, directeur adjoint du département d'études arabes et hébraiques de la Sorbonne et l'historien David Littman. L'ouvrage de 800 pages paru en octobre 2010, a le grand mérite de proposer les traductions des textes de Al-Maghîlî qui ne laissent aucun doute sur ses intentions meurtrières. Invoquant un hadith(soit un propos de Mahomet rapporté par ses compagnons), il place son projet d'épuration religieuse comme étant une simple obéissance: " Le prophète déclara : "démolissez les synagogues et les églises" et s'appuyant sur le verset 9,29 du coran, il écrit dans ce même Traité contre les Juifs: "combattre et tuer les Juifs et les chrétiens est une des obligations imposée par Allah. Le glaive ne cessera d'être brandi au dessus de leurs cous à condition qu'ils versent le tribut [Jizya] et qu'ils soient humiliés". Le "savant" s'appuie aussi sur les grands juristes sunnites ayant codifié le statut discriminatoire de la Dhimma, dont Mâlik (708-795, fondateur de l'école juridique malékite, enseignée officiellement au Maroc, en Algérie...et à la Grande mosquée de Paris) et le grand père d'Averroès, Ibn Rushd (1058-1126), cadi de Cordoue qui précisa en son temps "qu'il ne soit élevé au milieu de vous une synagogue ou une église ", puisque l'Islam doit dominer et ne pas être dominé complète Al-Maghîlî. Dans une Fatwa, Maghîlî pousse les musulmans de la région de Touât à commencer le travail : " On doit les démolir, dût-on en avoir la tête coupée, et quiconque meurt, parmi ceux qui désirent cette démolition, entrera au Paradis, tandis que les autres iront au feu avec ceux qui ont empêché cette démolition".
Maghîlî est aussi un poète (au sens musulman...) qui a écrit ces sympathiques versets :
" O mon Seigneur, par Ton prophète, lélu, le guide pur
Et par tous les Pôles [grands saints] et les saints,
qu'ils se réjouissent de la chute des Juifs,
Déverse sur eux des calamités,
Et réduis à néant les restes de leur subsistance
Et ouvre-leur, pour les exterminer,
La porte qui mène au freu infernal
(...)
Egalement tiré du "Traité contre les juifs", ce "poème" ainsi que l'ensemble du traité fut invoqué par les oulémas marocains jusqu'au XIXeme siècle, la présence coloniale ayant, au Maroc comme en Algérie, permis quelques répis à la communauté juive. Maghîlî est toujours vénéré comme un saint et sa tombe à Touât est devenu un célèbre lieu de pèlerinage.
Les historiens Fenton et Littman résument ainsi "l'oeuvre" de Maghîlî :
" La propsérité matérielle des Juifs maghrébins et la reconnaissance de leurs capacités administratives furent à l'origine d'un des chapitres les plus sombres de l'histoire juive de l'Afrique du Nord. 'Abd al-Karîm al-Maghîlî, un docteur tlemcénien d'une intransigeance implacable à l'égard des infidèles et des Juifs, désireux de propager l'Islam parmi les Noirs africains, se rendit à l'intérieur du pays (...) il incita la population à se distancier des Juifs, à détruire leurs synagogues et à les massacrer. Ses prédications sulfureuses déclenchèrent l'élimination totale des populations juives qui s'étaient probablement repliées vers le sud à l'époque des persécutions almohades. Le souvenir de cette tragédie longtemps présente dans la conscience collective, fut commémoré par une lamentation anonyme:
"Une autre chose m'est insupportable: l'oppresseur connu, Al-Maghîlî,
L'assassin des maisonnées du Gouarara et du Touat,
Celui qui a profané la maison [de Dieu], horrible méfait!
O terrible nouvelle! Touat a été anéanti
. (...)
Un autre témoin, Jean-Léon l'Africain, érudit et voyageur d'origine maure, qui composa et traduisit sa géographie africaine pendant sa captivité à Rome, décrit, vers 1515, les Juifs de Tegorarin au Touat:
"Il y avait au Tegorarin quelques Juifs très riches. L'intervention d'un prédicateur de Tlemcen [al-Maghîlî] a provoqué le pillage de leurs biens et la plupart ont été massacré par la population"
Va-t-on entendre les chantres algériens du dialogue inter-religieux, tel le donneur de leçon Mustapha Chérif ou Ghaleb Bencheikh, s'élever pour dénoncer cette initiative scandaleuse du ministère des Affaires religieuses algérien? On n'ose même pas parler de Dalil Boubaker. Va-t-on lire dans la presse française des articles sur cet "évènement culturel" majeur dans le monde musulman, ou nos journalistes ont-ils peur de passer pour des "islamophobes" ? Ils ont le temps de préparer leurs papiers, les célébrations se tiendront les 18 et 19 septembre à Tlemcen, et se cloturera par la remise du 2eme Prix de la renaissance du patrimoine culturel musulman à l'issue du colloque sur al-Maghîlî. De quoi avoir le temps d'acheter son billet d'avion pour couvrir l'évènement, du Nouvel Obs au Point en passant par le très islamophile Libération.
Joachim Véliocas-Observatoire de l'islamisation, 16 août 2011.
Dernier ouvrage paru: Ces maires qui courtisent l'islamisme, éditions Tatamis, 2010.