02/03/2009
Bienne, Suisse : les islamistes prospèrent à la mosquée
La Tribune de Genève , Cédric Waltei | 28.02.2009 | 00:00
C’est une vieille maison turquoise au fond du chemin Seeland, à Bienne. Sur la porte d’entrée sont placardés des appels à la mobilisation contre la guerre à Gaza. Le Centre islamique et sa mosquée Errahmen cultivent la discrétion et les rapports de bon voisinage. Tout en défendant un islam politiquement engagé. Trop? Suffisamment en tout cas pour faire l’objet d’une surveillance particulière des services de sécurité suisses.
Selon nos informations, certains extrémistes fréquenteraient l’endroit. Parmi eux, L.G., un réfugié politique tunisien de 42 ans condamné en janvier dernier à cinquante-six heures de travaux d’intérêt public par la Cour suprême du canton de Berne. Motif: il avait téléchargé des vidéos d’exécutions tournées par des cellules islamistes. Le Tunisien reconnaît qu’il se rend à la salle de prière Errahmen les vendredis.
(…)Proche du wahhabisme, ce courant fondamentaliste majoritaire en Arabie saoudite. «Dans le contexte actuel, je n’ai pas envie de discuter de nos orientations», conclut notre interlocuteur. Qui sait aussi que la mosquée est dans le collimateur de la police depuis 2004. Date à laquelle la police interpelle un groupe de Yéménites. Soupçonnés de soutien logistique à Al-Qaida, les accusés seront finalement innocentés. Mais l’endroit reste suspect. «Il y a un réseau d’islamistes durs à Bienne», soutient ce haut fonctionnaire de la Confédération, proche du dossier.
Une affirmation qui ne surprend pas Dominique Thomas, spécialiste d’Al-Qaida: «Plusieurs sites et opérations de communication en faveur du djihad ont été lancés depuis la Suisse», rappelle le chercheur français. Hier, le Tribunal pénal fédéral (TPF) a rejeté la demande de mise en liberté d’un réfugié irakien qui aurait créé une plate-forme Internet destinée à la cause du djihad.
Le Tunisien L.G., réfugié politique, travaille aujourd’hui comme mécanicien à Bienne. Interview.
Quelle est votre conception de l’islam?
Je défends un islam politique, doté d’un gouvernement qui impose ses valeurs à l’ensemble de la société. Avec une application de la charia. Je partage cette vision depuis longtemps. En Tunisie, j’appartenais à un parti islamiste. J’ai été deux ans en prison pour cela. Avec mon frère. Après, nous sommes venus en Suisse. Il y a près de dix ans.
(...)
Mais pourquoi avoir téléchargé ces films de décapitation?
Je ne savais que cela était illégal. D’ailleurs, les juges m’ont condamné à une peine légère. Ce qui est juste.
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