23/09/2009
Espagne: El Pais enquête sur la mobilisation citoyenne contre les mosquées
( documentaire illustratif de la télévision espagnole sans lien avec l'enquête de El Pais )
El Pais, premier quotidien espagnol, réputé de centre gauche, a consacré le 14 septembre un long article (9600 signes) sur la mobilisation populaire contre les projets de mosquées, mobilisation qui depuis le milieu des années 90, a mis à mal 60 projets de mosquées. Réactions des associations de riverains, pétitions, épinglage de la moindre entorse juridique ( des normes incendies jusqu' a l'emplacement des parkings), manifestations de rue, les espagnols sont à la pointe de la résistance citoyenne en Europe. Dernier exemple en date, à Séville, 14 associations de riverains se sont serrées les coudes contre un projet imposant de grande mosquée.
L'article est intégralement retranscrit en français, on ne s'étonnera pas d'y retrouver les grosses ficelles de la presse de gauche : recours à des spécialistes- sociologues et universitaires- tous marqués idéologiquement, brodant sur les faux « préjugés » sur l'islam et la montée de la xénophobie. Évidemment, leurs analyses concordent: les citoyens espagnols sont des incultes souffrant de la méconnaissance de l'islam, l' invocation de la liberté religieuse (n'existant pourtant pas en islam) et de l'intégration (dont personne n'aurait le droit de débattre) restant leurs deux seules cuillerées pour faire passer leur pilulle verte. Par contre, comble de la partialité, si de nombreux représentants de la communauté islamiques sont interrogés - jusqu'aux plus radicaux, voir plus bas- aucun acteur de la résistance citoyenne ne l'a été ! Facile alors de les stigmatiser comme étant des incultes xénophobes... On lira les nombreux commentaires (247 le 22.09) des lecteurs du journal bien décidés à ne pas se laisser embobiner par des journalistes voulant complaire à leur rédaction inféodée au PSOE.
Note préalable : à un moment donné, Ryad Tatari, président de l' Union des Comunidades Islamicas de Espana (UCIDE), est interrogé complaisament. Le journaliste se garde bien de révéler que sa mosquée d'Estrecho reçoit des financements de l'Arabie Séoudite (chose confirmée par l'ambassade du pays) et que l'homme, Syrien naturalisé, est un proche des Frères Musulmans. On se reportera à un article de la très sérieuse revue Politica Exterior n° 124 juillet-août 2008 pour la confirmation)
- Dans l'article, est évoqué l'existence du mouvement politique Plataforma per Catalunya. Le président de ce jeune parti catalan en pointe contre l'islamisation sera présent à la Convention identitaire d' Orange les 17 et 18 octobre, aux côtés de votre serviteur. Lire l'article :
Sin mezquita en mi barrio
JESÚS GARCÍA 14/09/2009 traduction française Observatoire de l'islamisation.
« Quand un collectif musulman décide d'ouvrir une mosquée , les voisins se soulèvent et prennent la rue pour faire avorter le projet. Sous divers degrés et nuances, ce type de conflit s'est répété 60 fois en Espagne depuis le milieu des années 1990. La pression est exercée contre les conseils municipaux qui, en paralysant les projets afin de sauvegarder le calme, limitent la liberté religieuse des 1,3 millions de musulmans qui habitent la péninsule (ibérique).
Les arguments esquissés par les collectifs de voisinages pour contrer l'installation de centres de culte musulmans dans leurs quartier sont variés. Des supposés désagréments causés par le « bruit », les « regroupements » sur la voie publique ou les difficultés de circulation, jusqu'aux objections -en apparence neutres- de caractère technique, qui évoquent des « risques d'incendies » de local comme à Anglès (Girone) en aoûr dernier.
Mais quelles sont les raisons profondes faisant que beaucoup considèrent être de « petites excuses pour qu'à chaque construction d'oratoire émerge des réactions de voisinages -spontanées ou fomentées par des groupes politiques- afin de s'y opposer ?
En Espagne 650 centres de culte islamiques fonctionnent, selon diverses estimations. Environ un tiers se situent en Catalogne, qui héberge une vigoureuse communauté islamique. Les conflits remontent à loin. En 1990, pour la première fois, les voisins eurent recours à une pétition pour bloquer la mosquée de Vic. EN 1999, des affrontements entre voisins à Ca n'Anglada, à Terrassa (de motivation clairement xénophobes) plantèrent le sujet des oratoires au centre du débat public.
"Les protestations se déroulent de la même manière. Quelqu'un demande un permis de construire pour ouvrir une mosquée et le mouvement nimby -acronyme anglais signifiant not in my backyard, pas dans mon jardin- se met en marche", explique Juli Ponce Solé, professeur de droit administratif à l'Université de Barcelone. Jordi Moreras, sociologue expert du monde islamique, abonde en parlant de « résurgence de la fierté de quartier » qui anime les voisins à tenter d'empêcher que les autres s'installent dans leur centre urbain. Au minimum, ils acceptent leur transfert en grande banlieue ou dans les zones industrielles.
Ni le phénomène nimby, ni la prétendue islamophobie de la part de la société espagnole suffisent à expliquer ce rejet. « Il y a des opinions individuelles racistes, mais le centre du problème est que les gens associent un oratoire avec un équipement qui appartient à un groupe exclu socialement, celui des immigrés », précise Ramon J.Moles, directeur du Centre de recherche en gestion du risque. "Les oratoires se sont installés là où ils ont pu et, à force, ne sont pas adaptés" , ajoute-t-il. Ce qui est certain est que peu de centres peuvent être assimilés à des mosquées en bonne et due forme d'un point de vue architectural. L'immense majorité sont situées dans des locaux commerciaux, des garages ainsi que des appartements. Le premier centre de ce type fut inauguré en 1974, dans un sous sol de l'avenue Méridiene de Barcelone.
L'identification entre le musulman et l'immigré conduit les voisins, même inconsciemment, à une autre réflexion: si il s'ouvre un oratoire, il attirera beaucoup de fidèles (pauvres) dans le quartier, ce qui entrainera un processus de dégradation de l'habitat. L'immobilier perdra ainsi de sa valeur. « Personne ne veut d'une mosquée à sa fenêtre, comme un bar musical », affirme Felix Herrero, président de l'Association islamique Al-Andalus de Malaga.
Selon Herrero, « la peur de l'inconnu »est aussi à la base des rejets et il l'illustre avec une anecdote : il y a cinq ans, à cause de l'annonce de l'ouverture prochaine d'une mosquée à Malaga, une voisine lance un appel désepéré à la radio. Elle demanda à l'animateur qu'il fasse « quelque chose » car le quartier se « remplira de barbus ». Au final, elle se mit à pleurer et demanda si on pouvait l'assurer que cette mosquée n'hébergera pas de terroristes » , raconte amusé Herrero.
Les oratoires sont construits sur un principe d'invisibilité sociale d'après les experts. Pas de minarets ni de chant du muezzin. Les gens ne savent pas ce qu'il se passe à l'intérieur, ils l'imaginent seulement, et ainsi nait le rejet. La communauté musulmane, insiste Herrero, peut faire quelque chose pour éviter cela. « Il faut écrire les petites annonces des mosquées en castillan pour que les gens voient qu'il s'agit d'annonces pour le boulot et des offres de logement » . « Je leur conseille de ne plus rester à parler longtemps aux abords de la mosquée , pour qu'on ne vienne pas nous dire que nous occupons l'espace public » ajoute Riay Tarary, président de l'Union des communautés islamiques d'Espagne.
Parfois, les associations musulmanes invitent les voisins à visiter les mosquées. Mais les doutes subsistent sur les financements : qui finance une mosquée pourrait influer sur son contenu doctrinal. Les experts expliquent que, dans 90% des cas, l'argent provient des dons de fidèles, qui en général n'ont pas un gros pouvoir d'achat. Les 10% restants procèdent des donations des pays étrangers, en général à travers des fondations.
Les conflits ne sont pas d'ordre politique, mais concernent le vivre ensemble. Et, souvent, ils sont manipulés par des partis politiques. « Ils sont irresponsables. Ils manient un thème sérieux comme celui-ci dans leurs campagnes électorale pour attirer des voix », proteste Tatary.
Un exemple clair de cette situation se trouve à Badalona (région de Barcelone) avec l'annonce de l'ouverture d'un oratoire, toujours en construction. Les riverains ont rassemblés 3000 signatures en excitant le Parti populaire. En plus, s'est rajouté la campagne de la xénophobe Plataforma per Catalunya, qui a chargé une vidéo sur You Tube avec le titre explicite de AL-Badalona 2014, dans laquelle ont entend un chant de muezzin sur les images d'une grande mosquée. Le message « Il est encore temps de changer l'histoire », accompagné des tintetements de cloches d'une église catholique.
Les 60 conflits, répartis sur tout le territoire, ont eu divers épilogues. Parfois, les musulmans ont ouvert la mosquée et les brouilles se sont estompées. D'autres fois ils ont du abandonner. La pression des riverains a obligé les mairies à céder – peu à peu, par crainte de perdre les voix des autochtones-, et ont ainsi restreint, en pratique, la jouissance de la liberté de culte consacrée dans la Constitution. Dans tous les cas, les uns se sentent gagnant et les autres perdants, ce qui contribue à détruire le vivre-ensemble et génère de nouveaux conflits, relèvent les experts.
Les intérêts des gouvernements locaux n'explique pas tout. La mairie escompte parfois sur un non monolithique du voisinage et basé sur des spéculations, à l'origine de conflits imaginaires. Par exemple, un groupe prend position contre une mosquée en projet, alors qu'en réalité , ceux qui voulaient ouvrir un lieux de culte étaient des Sikhs. Autre exemple, celui de la manifestation préventive. Lors d'une fête de la ville [fiesta mayor], les riverains avisent le maire qu'ils ne veulent pas de la mosquée, comme dans la ville d'à côté. Le problème est que le maire n'était même pas au courant de ce projet et qu'un conseiller technique a dû le mettre au courant.
Le problème est le manque d'outils pour gérer ces situations. « Le pouvoir local devrait avoir des stratégies de gouvernance basées sur la transparence et le consensus », opine Moles. Selon Moreras, il faut parler de toutes les parties impliquées, même si cela pose problème: quand tous les arguments sont rejetés, que toutes les garanties ont été exposées et que la réponse continue à être « non parce que non », ce n'est plus la peine de discuter.
Jusqu'à quel point les pressions peuvent l'emporter sur un droit fondamental ? La confusion légale a contribuée à ce déteriorement. Il existe des disparités de de critères quand il faut octroyer un permis de construire. La formule la plus fréquente est de solliciter un permis municipal d'ouverture « soumis aux normes environnementales », souligne Ponce. C'est à dire, comme un restaurant. Mais l'arbitraire est devenu la norme. Certains ont appliqué de manière stricte la loi de la police du spectacle. D' autres ont autoriser l'ouverture d'oratoires sans mesures de sécurité. D'autres ont créés des ordonnances ad hoc. Comme à Lleida, où est exigé aux locaux un accès à la voie publique, de moins de dix mètres de large et à plus de 100 mètres d'un autre lieu de culte. Une communauté a été déportée vers la zone industrielle (en l'occurence des évangéliques) et recouru au tribunal Supérieur de Justice de Catalogne, qui lui a donné raison.
« Il existe une législation disperse et interprétable », insiste le professeur de droit, qui dirige le programme Cités, droit urbain et liberté religieuse. Cela a généré de l'arbitraire et des abus.
La loi catalane des centres cultuels, pionnière en Espagne, prétend mettre de l'ordre. A partir de maintenant il y aura un seul type de licence spécifique pour ces centres. La norme prévoit, aussi, que les consistoires prévoient un sol pour la zone cultuelle sur leur plan urbanistique. Ceux-ci doivent remplir certaines exigences qui déboucheront sur un règlement.
Moreras croit que, dans la pratique, les conditions imposées seront insurpassables en cas de projet dans les centres ville. Les associations musulmanes ne montrent pas de réticence à s'éloigner vers les zones industrielles. « Si il s'agit de le faire pour le mieux vivre-ensemble, pas de soucis. Mais nous voulons une compensation » affirme Herrero.
21:43 Publié dans 18- ESPAGNE | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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