20/07/2011
Mgr Mazzolari avait expérimenté l'islam au Soudan.
Mgr Cesare Mazzolari a été enterré mardi dans sa cathédrale à Rumbek, dont il était évêque. Des obsèques officielles sont prévues ce jeudi dans cette même cathédrale. Mgr Mazzolari est décédé à l’improviste samedi dernier, à la suite d'un malaise survenu pendant qu’il célébrait la messe, une semaine après avoir participé avec enthousiasme aux célébrations de la naissance officielle du Sud-Soudan. Ce missionnaire combonien italien était âgé de 74 ans. Il avait commencé sa mission au Soudan en 1981. En 2004, Mgr Mazzolari avait donné une grande interview au Giornale . De larges extraits en avaient été traduits et publiés par Correspondance européenne . En voici quelques passages, concernant le Soudan islamique.
— Vous convertissez beaucoup de musulmans?
— Absolument pas. Approcher un musulman signifierait le condamner à mort. Ceux qui se convertissent spontanément sont contraints de fuir. Mais ils sont rejoints et punis même à des milliers de kilomètres de distance. Lire la suite
— Et des catholiques qui adhèrent à l’Islam, y en a-t-il?
— Malheureusement oui. Au moins trois millions se sont transférés au Nord poussés par la faim et ont dû prononcer la chahada, la profession de foi publique, pour avoir un travail. Les convertis sont marqués au feu. Ils se trouvent « timbrés » sur un flanc, comme les vaches, afin d’être distingués des infidèles.
—Ceux qui parlent d’affrontement entre civilisation opposant l’Occident et l’Islam exagèrent-ils?
— Non, et nous n’en sommes qu’au début. L’Eglise a renversé le communisme mais elle commence seulement à percevoir le défi lancé par l’islamisme, qui est bien pire. Le Saint-Père (Jean-Paul II) ne pouvait pas relever ce défi à cause de son âge. Le prochain Pape devra l’affronter. La porte de sortie n’est pas que nous ayons raison et qu’ils aient tort. Nous nous vantons d’une tradition chrétienne que nous ne vivons pas dans les faits. Le musulman a une constance en matière de pratique et de prosélytisme qui est supérieure à la nôtre.
—Malgré tout, nombre de vos confrères ont prêté des oratoires pour qu’ils servent de mosquées.
Ce seront les musulmans qui nous convertiront et non l’inverse. Où qu’ils s’installent, ils deviennent, plus ou moins rapidement, une force politique hégémonique. Les Italiens entendent l’accueil sur le mode « tout le monde est beau, tout lemonde est gentil ». Ils s’apercevront vite que les musulmans abusent de cette bonté, en faisant arriver un nombre de personnes dix fois supérieur à ce qui leur était permis. Ils sont beaucoup plus malins que nous. Ils me détruisent des écoles et vous leur ouvrez grandes les portes des églises…
— Roberto Hamza Piccardo, secrétaire de l’Union des communautés musulmanes en Italie, m’a déclaré qu’au Soudan, les flagellations sont symboliques parce que « le flagellateur tient le Coran sous le bras, ce qui allège les coups de fouet ».
— J’ai connu ce monsieur. Si vous l’écoutez, il vous racontera mille autres mensonges de ce genre.
— Piccardo m’a déclaré que certains passages de la charia sont appliqués au Soudan, tels que l’amputation de la main, pour les « cas très rares de boss locaux qui agissent mal vis-à-vis de pauvres gens ».
— Ce n’est pas vrai. C’est l’Etat qui applique le plus la loi coranique, qui ampute mains et pieds même à des non-musulmans et procède à des arrestations sans preuves.
—Le leader soudanais Hassan El-Tourabi, grand juriste, m’a également affirmé être contre l’application de la peine de mort aux apostats, c’est-à-dire aux musulmans qui passent aux infidèles, contrairement à ce que prescrit le Coran.
—El-Tourabi est la personne la plus habile au monde. Il est très intelligent. Il est avocat, parle mieux l’anglais que lesAnglais et mieux le français que les Français. Il a la langue fourchue. Il arrivera toujours à nous tromper. Je vous donne un exemple concret. Dans la version en langue anglaise de la Constitution soudanaise, on affirme que la religion d’Etat est l’Islam et que les autres cultes sont tolérés. Dans la version en arabe, il n’y a aucune trace de cette garantie.
— L’esclavagisme existe-t-il au Soudan ?
— Eux prétendent que non. Ils sont même allés le dire à Genève. Et pourtant, les missions sont pleines d’anciens esclaves. En 1990, j’en ai recueilli personnellement 150, en les payant moins cher qu’un chien de race: 40 dollars pour une femme et 100 dollars pour un homme. Puis, je ne l’ai plus fait parce que je me suis aperçu que cela pouvait devenir un cercle vicieux.
— Retournerez-vous un jour en Italie?
— Ma patrie est le Soudan. J’ai promis à mes fidèles que je ne les abandonnerai pas, même mort. Ils savent déjà où m’ensevelir (4)
(3) Hassan El-Tourabi, chef des Frères musulmans soudanais, était l’inspirateur d’Omar El-Béchir lorsque celui-ci a pris le pouvoir au Soudan, et il devint président du Parlement. Puis il fomenta un coup d’Etat et fut brièvement emprisonné.
(4) Dans la cathédrale de Rumbek.
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