02/11/2011
Le drapeau d'Al Qaeda flotte sur le Palais de justice de Benghazi
C'est confirmé, l'armée française a installé les islamistes les plus violents au pouvoir en Lybie.
Voici la traduction d’un article d’un journaliste égyptien, Sherif Elhelwa, paru dans la version en anglais du site mondial d’information Vice. Ce n’est ni une blague ni un montage. Sherif Elhelwa a également mis en ligne une vidéo où l’on voit clairement que le drapeau d’Al Qaïda flotte au-dessus du palais de justice de Benghazi :
"C’est ici, au palais de justice de Benghazi que s’est produite la première étincelle de la révolution libyenne. C’est le siège symbolique de la révolution, l’équivalent, pour la Libye post-Kadhafi, de la place Tharir du Caire pour l’Egypte. Et c’est ici que pendant les mois tumultueux de la guerre civile les forces rebelles hétéroclites ont établi leur gouvernement provisoire et leur centre médiatique primitif, mais déjà efficace, à partir duquel ils parlaient aux journalistes étrangers de leur « lutte pour la liberté».
Mais, selon de multiples témoins oculaires – dont moi – on peut voir maintenant le drapeau rebelle libyen et le drapeau d’Al Qaïda flottant ensemble au dessus du palais de justice de Benghazi. Selon un habitant de Benghazi, des islamistes conduisant des 4x4 flambant neufs et agitant le drapeau noir d’Al
Qaïda parcourent les rues de la ville, la nuit, criant « Islamiya, Islamiya! Ni est, ni ouest ! », faisant référence à l’inquiétude qui s’était fait jour que le pays se divise entre les opposants à Kadhafi à l’est
du pays, et les éléments pro-Kadhafi à l’ouest.
Plus tôt cette semaine, je suis allé au palais de justice de Benghazi et j’ai eu confirmation des rumeurs : un drapeau d’Al Qaïda était clairement visible : il y était écrit en arabe qu’il n’ya pas de dieu en dehors d’Allah, avec une pleine lune en dessous. Quand j’ai voulu prendre des photos, un garde d’allure salafiste, portant une tenue de camouflage verte, s’est précipité sur moi et a exigé de savoir ce que je faisais. Ma réponse fut simple et directe : je prenais une photo du drapeau. Il me lança un regard intimidant et me dit dans un sifflement : « Quiconque parle mal de ce drapeau, nous lui couperons la langue. Je vous recommande de ne pas publier cela. Vous vous exposez à des problèmes…»
Il me suivit à l’intérieur du palais de justice, mais heureusement mon chauffeur Khaled était à proximité et a intercédé en ma faveur. Selon Khaled, le garde était en colère et avait menacé de me faire du mal. Quand je pus de nouveau nouveau engager la conversation, il me dit :
« Ce drapeau est le vrai drapeau de l’islam », et il ne répondit pas quand je lui fis remarquer que, historiquement, l’islam n’a jamais été représenté par un seul drapeau. Le garde m’affirma à plusieurs
reprises qu’il n’y avait pas Al Qaïda en Libye, et que le drapeau qui flotte au-dessus du palais de justice est « noir foncé », alors que le drapeau d’Al Qaïda est « noir charbon ». Pour beaucoup d’habitants, c’est une distinction qui ne fait aucune différence. Un homme s’est approché de moi et m’a amicalement averti: « Je vous recommande de partir maintenant ; [les combattants islamistes] pourraient vous remarquer. »
Mais rien de cela ne peut être surprenant. A Tripoli, Abdelhakim Belhaj, un combattant bien connu d’Al Qaïda, et fondateur du célèbre Groupe islamique combattant en Libye (GICL), dirige aujourd’hui le « conseil militaire » de Tripoli. Il y a quelques semaines, Belhaj a ordonné à ses combattants de prendre le contrôle de l’aéroport de Tripoli, qui était alors aux mains d’un groupe de combattants de Zintan, une brigade de Libyens berbères qui ont aidé à libérer la capitale des loyalistes de Kadhafi. Quelques jours plus tard, Belhaj a prononcé un discours en soulignant que son action avait la bénédiction du Conseil national de transition (CNT), qui l’avait nommé à la direction du commandement militaire de Tripoli.
Selon un Libyen qui veut rester anonyme, un groupe militaire spécial, au sein du CNT, appelle les combattants salafistes qui ont des compétences militaires à se joindre aux forces spéciales de la rébellion. « Vous aurez des prestations spéciales si vous les rejoignez rejoignez, que vous mouriez au combat ou que vous retourniez chez vous », y compris des salaires mensuels. (Une source du CNT m’a dit que les combattants de Belhaj sont les seuls combattants rebelles qui reçoivent un salaire mensuel.)
Dans un récent discours, annonçant le début de la Libye post-Kadhafi, Moustafa Abdeljalil, le chef du CNT, a déclaré que le pays « est un Etat islamique, et que la charia est la source de toutes nos lois ». C’était de fait une déclaration étrange de la part d’un chef célébrant la libération de son pays, ce qui a
conduit beaucoup à se demander: « Qui est-ce que Abdeljalil et le CNT cherchent à apaiser? »
Il n’est pas rare de découvrir des rebelles avec un bagage radical. Dans un entretien hors micro, un membre du CNT parlait nonchalamment de son passé, expliquant que le régime de Kadhafi l’avait mis sur liste noire et banni du pays pour ses liens avec le GICL. Il me parla de ses liens étroits avec le cheikh Omar Abdel-Rahman, l’infâme « religieux aveugle » emprisonné pour son implication dans l’attentat de 1993 au World Trade Center, qu’il avait aidé à traverser la frontière du Pakistan et de l’Afghanistan pendant la guerre des moujahdine contre l’Union soviétique. La guerre pour débarrasser le pays de la dictature de Kadhafi est peut-être terminée, mais la bataille pour le contrôle de la Libye post-révolutionnaire a seulement commencé. Et cela va surprendre quelques-uns que les radicaux, les jihadistes, les salafistes, et les vétérans du GICL tentent de combler le vide du pouvoir et remplacer la dictature par une autre. "
Traduction : Yves Daoudal.
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