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14/11/2011

Prix Europa à un documentaire allemand sur les crimes d'honneur

Citation du jury

«Il s’agit d’un film sur un meurtre. La victime : une jeune femme abattue à un arrêt d'autobus à Berlin. Le meurtrier est son frère. Hatun Surucu a été victime d’un 'crime d’honneur' parce qu’elle vivait 'comme une Allemande'. Dans une remarquable série d’entretiens avec le meurtrier, qui est toujours en prison, sa famille et ses amis, les cinéastes explorent les preuves de cette affaire. Au-delà de ce témoignage très personnel, une dure réalité beaucoup plus inconfortable se profile : l'intégration a échoué, les Turcs et les Allemands vivent dans des «sociétés parallèles». Excellents récit et réalisation.

Elle devait mourir, car elle vivait «comme une Allemande». Le 7 février 2005, Hatun Surucu a été abattue par son frère Ayhan à un arrêt d'autobus de Berlin. Il invoque «l’honneur familial perdu» comme mobile. Ce crime est le «meurtre d’honneur» le plus connu en Allemagne, et il a déclenché un débat sur les «sociétés parallèles».

Ayhan Surucu est incarcéré depuis plus de six ans. Il rompt son silence pour la première fois et raconte en détail le contexte et les circonstances du meurtre cruel qu’il a commis. «Oui, c’était un crime d'honneur. À l'époque, j'étais obsédé. Je ne pouvais tout simplement pas tolérer sa manière de vivre.» Même aujourd'hui, il ne peut prononcer un seul mot positif au sujet de sa sœur. Il admet toutefois que «c’est extrêmement difficile de vivre avec cela. Parfois, tout cela me revient. Je suis conscient d’avoir privé ma sœur de sa vie et mon neveu, de sa mère.»

Six ans après le crime, Matthias Deiss et Jo Goll, journalistes à la chaîne ARD, ont commencé à étudier le cas et ont fini par interviewer le meurtrier, sa famille et certains de leurs amis. Pour la première fois, le frère du meurtrier, soupçonné d'avoir acheté l’arme du crime, parle devant la caméra. «La fornication est un acte criminel. Selon les lois d'Allah, ce crime est punissable par la lapidation». Ce musulman pieux, qui est toujours recherché en vertu d’un mandat d'arrêt international, s’est enfui à Istanbul.

L’ancienne petite amie du meurtrier, Melek A. - principal témoin du parquet vivant maintenant sous une nouvelle identité en vertu du programme de protection des témoins - est persuadée que le crime d'honneur a été une décision familiale, et affirme que le meurtrier lui-même lui en a fait part. Elle déclare : «Ils ont tous été impliqués. J’en suis certaine à 100 pour cent.»

Le documentaire «L’honneur perdu» est une recherche déprimante de preuves à Berlin, à Istanbul et en Anatolie orientale. Il nous fait voyager dans les «sociétés parallèles» des immigrés turcs et kurdes d'Allemagne. «Je n’ai jamais eu aucun contact avec les Allemands, dit l’assassin. J’ai rencontré mon premier ami allemand ici, en prison.»

Source : PRIX EUROPA : Best TV Current Affairs Programme of the Year 2011, Traduction par Poste de veille. (via BCF)

11:20 Publié dans 17- ALLEMAGNE | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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