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10/04/2012

Sarkozy veut créer un "Institut de formation d'imâms", une fausse bonne idée.

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 "Sur la formation des imams, nous sommes prêts à aller assez loin" vient d'affirmer le président à Drancy, quelques heures après avoir annoncé son idée d'un Institut de Formation d'imâms.

Un tel Institut généré par la république n'aurait d'emblée aucune légitimité pour les musulmans, pour qui les universités islamiques à même de dispenser de telles formations sont historiquement instituées au Caire (Al-Azhar), à Fez (Qarawine), à Constantine (Abdelkader), en Tunisie (Zeitouna), en Arabie Séoudite (Dar el fatwa) etc. Cette vision neo-coloniale et paternaliste est complètement déconnectée de la réalité. Huit écoles d'imâms fonctionnent déjà en France, dont deux sont dirigées par l'UOIF à la Courneuve et à St Léger-du-Fougeret dans la Nièvre, qui ont la légitimité d'être libres dans le choix de leurs contenus, de ne pas dépendre d'un commissaire républicain (lire à ce sujet notre article sur ce qu'on y enseigne). Vouloir rendre l'islam compatible avec les droits de l'homme républicain consisterait à arracher des milliers de pages des livres de jurisprudence islamique des quatres écoles juridiques officielles et multiséculaires. Utopique.

Si l'idée est de créer un Institut où on apprendrait que la laicité c'est bien, il n'y aura forcément aucun musulman qui ne s'inscrira, la laicité étant un concept occidental honni en islam.

Mohamed Ibn Guadi, islamologue à l'Université de Strasbourg et directeur du programme d'islamologie au centre français d'études du Moyen-Orient (AFEMO) de Toulouse, explique :

« On s’offusque aujourd’hui de la politisation de l’islam. Ce terme lui-même est également un non-sens. L’islam a toujours été politique. Mais il ne faut nullement lui prêter une connotation péjorative. La seule forme d’organisation politique que connurent les musulmans à travers leur histoire depuis les origines de l’islam fut l’Etat islamique. […] Que l’on soit choqué ou non, le fait que des musulmans puissent déclarer que le Coran passe avant les lois de la République est parfaitement juste en Islam. » (Mohamed Ibn Guadi, L'islam a toujours été politique ! Le Figaro, 17/06/2003)

Maryam Jameelah, docteur à l'Université islamique d'Al-Azhar écrivait sur la page anglaise du site de l'université : « L’islam abhorre la doctrine du sécularisme. Le musulman ne peut que tendre vers un environnement islamique dont le devoir d’établissement lui revient. ».

Abderrahim Lamchichi, maître de conférences de sciences politiques à l'Université Jules Verne de Picardie ne dit pas autre chose : "Pourquoi justifier l’injustifiable en persistant à nier que l’islam contient des dispositions incompatibles avec les lois de la République (infériorité de la femme, polygamie, discriminations sociales et sexuelles, refus de la mixité, intolérance religieuse -surtout à l’égard des renégats- non reconnaissance de l’universalité des droits de l’homme, confusion du politique et du religieux, opposition aux libertés fondamentales- parmi lesquelles celle de changer de religion ou de ne pas en avoir, celle d’expression et de création(etc.) ?" ( revue Panoramiques, l’islam est-il soluble dans la République ?, Arléa-Corlet,1997,p.6)

Mais quand lors de cette même après midi Nicolas Sarkozy est capable de dire que le Qatar Wahhabite représente la "modernité de l'islam", on a compris qu'il est inutile de se fatiguer à tenter d'expliquer à ce gouvernement que l'eau mouille et que le feu brûle.

Joachim Véliocas, Observatoire de l'islamisation, 10.04.2012 

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