30/04/2012
Le moraliste BHL vit-il entouré de livres islamistes ?
(rediffusion d'une note de janvier 2011)
BHL voulait s'insurger contre les Assises sur l'islamisation en convoquant des grands penseurs musulmans comme preuve de "grandeur et douceur" de l'islam, sans les avoir lu de toute évidence. Car ses références lumineuses auraient aujourd'hui lapidé Sakineh, condamné les apostats, fait fermer les salles de concert et déclenché le djihâd contre les Etats non-musulmans...On ne s'improvise pas islamologue.
Dans son Bloc-note du 23 décembre 2010, Bernard Henri-Lévy a commis un "Botul puissance 10", mais aucun journaliste n'a relevé, ce qui confirme l'ignorance du microcosme parisien quant à la pensée islamique. Botul, c'est le philosophe qui n'a existé que dans l'esprit d'un journaliste du Canard enchaîné, accessoirement agrégé de philosophie, qui avait inventé ce personnage que BHL cite dans son dernier livre au titre aussi pédant que lui, comme un phare de la pensée contemporaine. Une gaffe dont les médias s'étaient bien gaussés. Eh bien ils vont pouvoir remettre le couvert car celui qui conspue "L'idéologie française" (une fumeuse dénomination pour mettre sur le dos des Français attachés à leur souveraineté et identité la responsabilité des maux du XXème siècle grâce à des techniques d'amalgame dont BHL a le secret) a aligné les bourdes.
Remettons la citation dans son contexte, un Bloc-note intitulé L'honneur des musulmans destiné à s'insurger contre Les Assises sur l'islamisation :
"l’amalgame qui fait de 5 millions de citoyens des occupants en puissance, contre l’acte de violence symbolique inouïe qui fait d’une spiritualité la figure même du pire, c’est-à-dire du nazisme, il est urgent que des voix s’élèvent pour rappeler : primo, que l’immense majorité de ces musulmans sont des Français qui n’ont plus avec l’islam qu’une relation d’appartenance culturelle vague ou familiale ; mais, secundo, que, quand bien même cela ne serait pas, quand bien même ils seraient tous de pieux observants, attachés à leurs rites et aux mosquées où ceux-ci se pratiquent, il faut être un sombre crétin pour ignorer que cette pratique a, comme les autres, sa dignité – on peut être juif, chrétien, voltairien, athée, on peut n’avoir, avec le Coran, aucune affinité particulière, et être pourtant sensible à la grandeur, la douceur et l’honneur de l’islam quand il a ses sources, aussi, chez Averroès, Al-Kindi, Al-Farabi, Al-Ghazzali ou dans « Les clés du mystère » de Fakhr ad-Din ar-Razi."
Pour tout islamologue, présenter ces grandes figures de la pensée ou du juridisme musulman comme des modèles de douceur et de tolérance est bon pour les plateaux télévisés, mais quant à la vérité historique, ce n'est pas dans Le Point qui construit ses Hors-Série sur l'islam avec le concours de Tariq Ramadan qu'il faut la chercher...
Présentons donc les figures honorables incarnant l'islam modéré de Bernard Henri-Levy :
- Al-Ghazzali ? il aurait lapidé Sakineh !
Ghazzali (1058-1111) connu pour être un éminent juriste muslman, est notamment celui qui s'est opposé de manière virulente aux philosophes dans son livre Tahafut al-Falasifa (L'incohérence des philosophes) (1095) expliquant que ces penseurs vont à l'encontre de la révélation coranique. Un siècle plus tard, Averroes déconstruit la position de Ghazali dans une réplique intitulée Tahafut al-Tahafut (incohérence de l'incohérence), ce qui n'empêche pas BHL d'accoler leurs noms malgré tout ce qui les oppose.
Selon le professeur tunisien Yadh Ben Achour dans son livre Aux fondements de l'orthodoxie sunnite (PUF, 2008) "chez Ghazali, le pouvoir est considéré comme une force de contrainte et de coercition qu'il appelle shawka (pointe, aiguille, éperon)" (page 48)
Al-Ghazzali est donc un orthodoxe, dans son Livre du Repentir, il confirme les châtiments devant être infligés à ceux qui ne se plient pas à l'ordre islamique totalitaire. Sur le vin : " Le fait que la loi religieuse institue une peine légale pour la consommation du vin montre la gravité de son cas. Donc cela fait partie des pêchés majeurs en vertu de la loi religieuse" ( édition La Ruche, 2003, page 72). Ghazzali dans le même livre, rappelle à de multiples reprises que l'écoute de la musique fait partie des péchés à expier, dénonçant "l'obscurité provoquée par le péché de l'écoute de la musique" (page 75). Un homme tolérant ce Ghazzali, il aurait fait fermer les cafés-concert jazz de St-Germain des Près, qu'en pense BHL ?
Mais ce qui devrait inciter BHL à beaucoup plus de prudence lorsqu'il cite des "penseurs" musulmans portant en eux "la grandeur, la douceur" de l'islam, ce sont leur écrits sur la lapidation, le grand combat actuel de BHL qui défend la malheureuse iranienne Sakineh suspendue à la peine de lapidation pour relation extra-conjuguale. La punition physique en islam classique des femmes ayant eu des relations sexuelles hors mariage n'a jamais été abrogée par les oulémas. Et pour cause, ce châtiment a été ordonné par Mahomet lui même. Ghazzali, toujours dans son Livre du Repentir que BHL n'a évidemment pas lu, prend l'exemple de la pauvre femme nommée al-Ghâmidiyya s'accusant auprès de Mahomet d' avoir forniqué. Sympa, Mahomet attend que finisse la grossesse avant d'ordonner à ses sbires : "Il remis alors l'enfant à l'un des musulmans puis il ordonna qu'on creuse pour elle un trou jusqu'à la poitrine. Ensuite, il ordonna aux gens de la lapider" (page 126) . Voilà un grand classique de jurisprudence rappelé par Ghazzali, dont le nom a été choisi par la Grande Mosquée de Paris pour baptiser son Institut théologique, comprendre école de charia. BHL pour rester cohérent dans son combat contre la lapidation va-t-il demander la fermeture de cette vénérable institution ? Non il préfère traquer ses "nazis" imaginaires, qu'il pense avoir débusqué au Bloc Identitaire !
Le Jihâd contre les "mécréants" :
La distinction entre petit (combat armé) et grand jihâd (combat intérieur, spirituel) n’est mentionnée ni dans le Coran, ni dans les six recueils classiques des hadith reconnus comme authentiques. Cette nouvelle acception du terme dans sa dimension de combat spirituel contre ses mauvais penchants (grand jihâd), provient de l’école Soufie et n’apparaît qu’au IX ème siècle. Al-Ghazâlî enseigne dans La mesure des Actes que la distinction entre petit et grand jihâd aurait été défini par les compagnons de Mahomet :
« Combattre effectivement est aussi malaisé que de reprendre le souffle. Seul le connaîtra celui qui cherche à extirper l’appétit de son âme. C’est pourquoi les compagnons ont dit « nous revenons du « petit jihâd » pour aborder le « grand jihâd » ils ont donné à la lutte à l’épée contre les mécréants le nom de « petit jihâd ». C’est ainsi que quand on a demandé au prophète « quel est le meilleur des jihâd Ô envoyé de Dieu » il a répondu « Le combat contre tes passions ». Ghazali, La Mesure des Actes, édition Albouraq, 2005 .
Dans son Livre du Repentir cité plus haut, il cite al-Khudrî donnant des pieux conseils : "Attache-toi au jihâd (combat sur le chemin de Dieu), car c'est le monachisme de l'Islam" (page 188)
Photo : BHL lors d'un entretien amical avec des officiers Bosno-musulmans tiré de son documentaire Bosna! (1994). A l'époque, il soutenait les troupes de l'islamiste Alija Izetbegovic auteur de la fameuse Déclaration islamique théorisant la séparation avec les infidèles, par la violence si nécessaire. Les camps de tortures pour civils serbes mis en place à Tarcin et Celecebi étaient manifestement ignorés du "philosophe". Mis en place par les brigades neo-nazies HOS, ces camps furent visités par Izetbegovic qui deviendra le premier président de la Bosnie indépendante grâce au soutien de l'Iran, Mitterand et de son VRP BHL.. Plus d'information en relisant notre dossier sur les criminels de guerre bosniaques.
- Averroes et le djihâd
L’islamologue Dominique Urvoy, dans sa biographie d’Averroès (Dominique Urvoy, Averroès. Les ambitions d’un intellectuel musulman, Flammarion,1998 p.146) écrit que le philosophe aurait été obligé d’accepter la condamnation de Salman Rushdie s’il avait vécu à notre époque. Le jihâd, Averroès lui consacra un chapitre dans son livre Bidâyat al-Mudjtahid ainsi que dans la Paraphrase de la République de Platon dont est tiré l’extrait suivant :
« Les nations de l’extérieur […] doivent être contraintes. Dans le cas de nations difficiles, cela ne peut se produire que par la guerre. Il en est ainsi dans les lois qui procèdent conformément aux lois humaines, comme dans notre loi divine. Car les chemins qui dans cette loi conduisent à Dieu […] sont au nombre de deux : le premier passe par le discours, le second par la guerre » (Averroès, Commentary on Plato’s Republic,éd Ralph Lerner, Ithaca/Londres,1974, I,VII,11,p.26,14-18)
Ainsi Averroès expose une version orthodoxe de la charia concernant les nations du territoire d’infidélité, la soumission par la conversion ou le combat. Son biographe Al-Ansârî al-Marrâkusî, s’appuyant sur le témoignage d’un disciple Abûl-Qâsim b. at Taylisân (1179-1244), rapporte qu’Averroès, dans un prêche à la Grande Mosquée de Cordoue, a appelé au jihâd offensif contre les royaumes chrétiens du Nord.
Pour en finir avec le mythe d’un Averroès tolérant, il faut aussi rappeler ce qu’il avait en commun avec les théories nazies sur l’eugénisme : l’élimination des handicapés mentaux. Qu'en pense BHL ?
- Al-Fârâbi, philosophe musulman ayant été une des grandes influences d’Avicenne et Averroès, n’est pas en reste en matière de jihâd. Dans ses Aphorismes (Fusûl), il dresse une liste de 7 raisons justifiant la guerre. En premier lieu vient la guerre défensive, mais le deuxième point évoque la guerre offensive d’appropriation du butin. La troisième raison est fallacieuse, il s’agit de présenter la défaite du vaincu comme un bienfait, l’invitation à l’islam étant forcément positive. La quatrième raison est la conquête de réservoirs à esclaves, de peuples arbitrairement considérés comme de nature servile.
Un second texte de Fârâbi légitime le jihâd, L’Obtention de la félicité (.Al Fârâbi, Kitâb mabâdi Arâ ahl-al-mâdina al fâdila, éd. Richard Walzer, Oxford,1985). La félicité ne peut bien sûr être goûtée que par les peuples suivant la voie de l’islam, la voie du bonheur. Dans une orthodoxie islamique parfaite, Fârâbi préconise deux méthodes pour que les peuples de la terre atteignent le bonheur : l’invitation à la conversion, ou pour les récalcitrants, le jihâd. La philanthropie islamique a ses raisons pour apporter la félicité aux peuples du mondes. Le philosophe Al- Fârâbi à la différence de Platon, une de ses influences, ne conçoit donc pas la guerre comme un recours uniquement défensif.
- Fahr ad-Din ar-Razi (1150-1210) a aussi une conception très classique de l'islamisme, Yadh Ben Achour dans son ouvrage cité plus haut explique que ar-Razi "s'appuie sur un argument de caractère théologico-politique, d'après lequel le Livre indique les normes que Dieu a ordonnées pour parvenir à la justice et à l'équité, la Balance symbolise la direction des hommes vers ces normes, ce qui est l'affaire des princes, enfin le Fer, se transformant en arme de dissuasion, signifie qu'en cas de désobéissance, ces normes lui seront imposées par le Glaive" (page 131). C'est ainsi que dans son célèbre Commentaire du Coran, ar-Razi préconise la mise à mort de l'apostat en cas d'éloignement de la Oumma. Que pense BHL de cette conception de la liberté religieuse ?
La question est maintenant de savoir jusqu'à quand BHL sera considéré comme un philosophe engagé crédible par un système médiatique français complètement kidnappé par une gauche aussi inculte qu'intolérante avec les dissidents de la pensée unique.
Joachim Véliocas, Observatoire de l'islamisation- février 2011. Dernier ouvrage paru : Ces Maires qui courtisent l'islamisme, éditions Tatamis, 2010.
15:38 Publié dans 01 - COMMUNIQUES, 25- REFLEXIONS, ANALYSES | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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