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23/05/2012

Tunisie: l'université islamique de la Zitouna va renaître, hors du contrôle de l'état.

Lu dans Businessnews (extrait) :

Par Samy Ghorba

"Aujourd’hui, on apprend que la Zitouna (la vraie, pas la copie) est sur le point de renaître de ses cendres. Le 19 mars, un groupe d’associations d’anciens élèves de la vénérable mosquée a obtenu de la justice la levée des scellés apposés… en 1958 ! 
Fers de lance du projet, les cheikhs Houcine Laâbidi et Mohamed Bel Haj Amor ont annoncé le 21 avril lors d’une conférence de presse, organisée en présence de Nouredine Khadmi, ministre des Affaires religieuses, une reprise prochaine des cours. Ils voient les choses en grand: trois niveaux d’enseignement, collège, secondaire et supérieur, et tablent sur une affluence de plus d’un millier d’élèves. Ils auraient déjà commencé la campagne de recrutement des enseignants. Et les dons afflueraient. 

Cette annonce, pas véritablement surprenante dans le contexte actuel, est une illustration supplémentaire du fait que l’Histoire n’est qu’une perpétuelle oscillation. Nous assisterions aujourd’hui à la revanche de « l’armée des vaincus du bourguibisme », au retour du refoulé zitounien. Tout cela serait dans l’ordre des choses. 
Pourtant, à bien y regarder, l’entreprise de MM. Laâbidi et Bel Haj Amor est moins innocente qu’il n’y paraît. Deux détails clochent, et pas des moindres. Primo, la séparation des sexes sera de rigueur. Et secundo, les programmes, c’est-à-dire le contenu de l’enseignement, ainsi que les diplômes, seront du seul ressort de « l’institution ». Ils ne seront visés ni par le ministère de l’Éducation, ni par celui de l’Enseignement supérieur. Les promoteurs du projet seront libres d’inculquer ce qu’ils souhaitent aux élèves. Et comme ils le souhaitent. Cerise sur le gâteau, si l’on peut dire, le journal La Presse révélait le 8 mai que le cheikh Laâbidi était un fervent adepte d’Ibn Tayymiya, un théologien dogmatique mort en 1328 et adulé des salafistes. 

Cette affaire, qui n’a donc rien d’anecdotique, appelle un certain nombre de commentaires. Même si l’entreprise n’émane pas du gouvernement actuel, il semble la cautionner, puisque Nourredine Khadmi a assisté à la conférence de presse des cheikhs Laâbidi et Bel Haj Amor. L’Etat s’apprête à renoncer à une de ses prérogatives essentielles, le contrôle de l’enseignement." lire la suite

Samy Ghorbal, Journaliste et écrivain. A publié Orphelins de Bourguiba & héritiers du Prophète (Cérès éditions, janvier 2012).

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