14/09/2012
Syrie: Soeur Agnès-Mariam accuse Le Monde et "la presse catholique" d'avoir provoqué son exil (audio)
Soeur Agnès-Mariam (photo), supérieure du monastère Saint-Jacques le Mutilé à 70 kilomètres de Homs, était l'invitée de radio Notre-Dame ce matin dans l'émission du "grand témoin". (écouter ici). Elle s'est indignée des méthodes d'une certaine presse française, qui, tout en refusant de lui donner la parole, l'a présenté comme un soutien du régime de Bachar Al-Assad, alors que sa neutralité est justement fort mal perçue à Damas.
Palestinienne et Libanaise de nationalité, elle a comparé la Syrie à l'Allemagne nazie concernant leur même logique expansionniste et totalitaire, en rappelant l'occupation armée du Liban par la Syrie qui fit tant de morts durant la guerre. Le pilonnage de nombreux quartiers chrétiens pendant la guerre (1975-1990) est dans toutes les mémoires. Aussi, meilleure preuve qu'elle n'est pas l'alliée du régime , elle souligne que son monastère a été bombardé par un hélicoptère de l'armée (vidéo de l'attaque disponible).
Ce qui la met en rage, un entretien téléphonique avec un journaliste du Monde de 45 minutes, qui n'en retiendra que cinq mots, alors qu'il avait présenté l'entretien comme une interview.
Le journaliste de Radio Notre-Dame demande : "Et cela s'est retourné contre vous?"
Soeur Agnès-Mariam :" Mais bien sûr ! Il m'encadre et il me donne un profil que je n'ai pas. Il y a une campagne, ils me situent dans le camp du régime voyons ! Et même on accuse les Chrétiens d'Orient , c'est comme une dialectique de l'histoire, d'avoir été pro régime depuis le commencement, encore un peu nous étions les Hitler de nos compatriotes sunnites, ce qui est une calomnie, nous sommes accusés vraiment d'être de pair avec le régime (...) et on a cité des noms et on nous a mis vraiment en danger (...) j'ai dû prendre la fuite"
Agnès-Mariam emploit le mot très fort de "viol médiatique" pour parler de l'odieuse méthodologie et désinformation du Monde, mettant tous les chrétiens en danger.
Sans citer de titre, elle a également dénoncé "la presse catholique en France" d'avoir parlé d'elle de la même manière, sans jamais l'avoir interrogé. Elle accuse la presse catholique française (La Croix?) de "nous avoir mis en danger" :
"La presse catholique ne s'informant pas auprès de notre hiérarchie, ayant peur soit-disant pour la survie des Chrétiens d'Orient dans ce conflit, a cru que si nous faisions état de la situation réelle de danger que courrent certaines communautés chrétiennes encerclées par la violence, cela aurait eu des répercussions néfastes sur la condition des Chrétiens par devant l'opposition. Mais en réalité c'est eux qui ont fabriqué cette réputation néfaste et qui nous ont mis en difficulté réelle sur le terrain avec l'opposition"
"Dernièrement pour la première fois dans l'histoire du conflit, des quartiers spécifiquement chrétiens ont été visés par les éléments armés qui disent appartenir à l'opposition"
La religieuse qui a ressuscité un vieux monastère à l'action sociale reconnue, a soutenu la légitimité de l'opposition Syrienne, en demandant de discerner parmi les 2000 factions armées, les djihadistes "payés par des compagnies étrangères" des opposants sincères.
Elle dénonce l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) qui est le chef d'orchestre d'une désinformation de masse, en illustrant par des exemples des cas précis où l'OSDH, relayé par l'AFP, invente des listes de morts en piochant leurs noms dans le botin téléphonique.
Elle a fait part de son débat sur une radio italienne avec un représentant du Conseil National Syrien où elle lui demandait pourquoi les combattants de l'opposition investissent les quartiers résidentiels en utilisant les civils comme boucliers humain et les forçant à l'exil. Deux millions de Syriens ont dû fuir leur maison depuis le début de la guerre. Aussi, Soeur Agnès-Mariam, décidément seule voix raisonable qui émerge de ce chaos, a dénoncé l'attaque d'infrastuctures civiles par des groupes armés, ainsi que l'utilisation de monuments classés au patrimoine de l'Unesco comme terrains de guerre par des insurgés.
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