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14/11/2012

Joachim Véliocas interviewé par la Ligue des rationalistes arabes

Couverture du livre2.jpgInterview réalisée par Hamid Zanaz / Essayiste algérien/ auteur entre autres de ‘ "L’impasse islamique, la religion contre la vie" et  "L’islamisme vrai visage de l’islam" Publié sur Alawn, revue de la Ligue des rationalistes arabes.


Hamid Zanaz:  La lutte contre l’islamophobie doit être l’affaire de tous et pas seulement des musulmans, tout comme la lutte contre l’antisémitisme et toutes sortes de racisme. » (Pascal Boniface Saphirnews.com,31/10/2012). Le collectif contre l’ islamophobie en France (CCIF) organise une vaste campagne nationale de communication pour sensibiliser les citoyens français à l’islamophobie, pour leur dire sur les ondes d’Europe1 et autres médias que « l’islamophobie n’est pas une opinion, mais c’est un délit. » Qu’en pensez-vous ?

Joachim Véliocas: Pascal Boniface roule depuis des années pour la défense de l’islam, auquel il ne veut relier son radicalisme qu’il ne considère pas comme partie intégrante. Son engagement, encore récemment dans un livre commun avec le rappeur musulman Médine qui vend des teeshirt “Jihâd” ornés d’un sabre, le décrédibilise, et il n’est pas reconnu comme un spécialiste de la question. C’est un spécialiste des relations internationales, et ses prises de positions sur tous les sujets et notamment celui-là l’ont disqualifié. Cette frénésie me fait penser aux universitaires payés par des états ou des organisations musulmanes, pratique qui transpire aux États-Unis notamment sous la plume de John Esposito de l’université de Georgtown. Un chercheur de Harvard m’a même confié qu’il a été proposé 500.000 dollars à un universitaire turc kémaliste pour qu’il cesse de critiquer l’islamisme, lui même a décliné une invitation tous frais payés en Arabie Saoudite ! L’orientation des Universités et Instituts dépend largement de leurs financements. Mais aucun élément ne vient corroborer que Boniface ou l’IRIS soient “tenus” financièrement. Il faut juste savoir que ça existe.

Le slogan “L’islamophobie n’est pas une opinion mais un délit” montre l’amateurisme du groupuscule CCIF. Ils connaissent le droit islamique mais ignorent le droit français apparemment ! Le Haut Conseil à l’Intégration a rappelé que l’islamophobie est une critique légitime d’une religion.

Le visiteur de votre site ‘ l’Observatoire de l’islamisation’, remarque que l’islamisation est bien en marche et qu’il n’y a pas d’espoir dans l’intégration des musulmans, car ils ne demandent pas seulement de pratiquer leur religion, mais de remplacer l’ordre politique existant par le leur, la charia islamique ?

Attention, beaucoup de musulmans au sens sociologique, pour qui la pratique consiste à seulement éviter le porc et faire le ramadan, ne souhaitent pas l’application de la charia intégralement. Mais psychologiquement, ils ne peuvent qu’acquiescer face aux remontrances des radicaux qui ont le Coran et la Sunna qui parlent pour eux. Passer pour un “mauvais musulman” est redouté par les modérés, ils risquent de rentrer dans le rang si les radicaux continuent leur progression. Ils sont inaudibles, non structurés associativement, ne se risquent pas à critiquer les Frères ou les salafistes ouvertement. En cela ils ont déjà perdu une manche. Ils ne sont pas venus à la manifestation unitaire des Chrétiens d’Orient il y a deux ans à Paris alors qu’ils étaient chaleureusement invités, et l’imâm Chalghoumi n’ a réuni que 100 personnes place de la Bastille quand il manifesta contre l’islamo-terrorisme.

Vouloir séparer la Charia de l’islam n’est pas possible. On le voit dans tous les pays musulmans chez qui la Charia est source constitutionnelle. La principale source de la nouvelle constitution égyptienne sera la Charia! Les Frères Musulmans égyptiens l’ont annoncé la semaine dernière, c’était la condition des salafistes pour qu’ils valident leur projet constitutionnel au parlement. On voit que contrairement à ce qui est commenté, les salafistes ont une réelle influence sur l’islam contemporain. Rached Ghannouchi, soit disant islamiste modéré, a fait polémique récemment lorsque ses entretiens amicaux avec les responsables salafistes ont fuité. Comme dit le professeur Yadh Ben Achour : « cessons de croire que le salafiste est un pauvre égaré de l’histoire de l’islam”. Les islamistes et autres musulmans modérés se positionnent en cercles concentriques autour, car comme l’a montré Hamadi Redissi dans son essai “Le pacte de Nadj” (Seuil, 2007) , le salafisme séoudien prend le leadership de l’islam.

Comment en est-on arrivé là ? Comment l’Europe des Lumières n’avait pas vu venir le danger obscurantiste?

Les “belles âmes” progressistes ont pensé l’immigré, musulman ou non, comme une victime par essence, qui a pris le relais des ouvriers damnés de la terre. Le premier ayant soulevé la question du problème de compatibilité civilisationnelle fut Jean-Marie Le Pen dans les années 80. Donc soulever le problème de l’intégration de l’islam en Occident a effrayé les progressistes, qui se sont contentés de concéder que seuls des extrémistes qui instrumentaliseraient l’islam posent problème.

Beaucoup de gens ont vu le danger venir. Dès le début des années 80, le grand reporter du Monde, Péroncel-Hugoz avait déjà dit le principal dans son essai “Le radeau de Mahomet”. Certains sont dans le déni, mais beaucoup s’autocensurent dans les rédactions. Le décalage avec la réalité perçue est devenu tel que les éditorialistes qui étaient encore à faire des distinctions fumeuses entre islam et islamisme changent aujourd’hui de discours. Des “résistants” intellectuels de la dernière heure. Quand on visionne Franz Olivier Giesbert traiter Le Pen de xénophobe dans les archives de l’INA lorsqu’il pointait la question de la spécificité musulmane, et la dernière couverture du Point, on voit que les journalistes ont pour seule ligne de conduite de rester dans le sens du vent. Robert Ménard et Laurent Joffrin ont aussi changé d’avis en 2012 sur l’islam, ils sont ridicules de mauvaise foi. Ce n’étaient pas les livres sérieux sur la question islamique qui manquaient avant cette année !

L’Europe riposterait-elle ou va-t-elle inéluctablement vers le multiculturalisme et les ‘accommodements raisonnables’ ?

L’Europe est neutralisée par une technostructure administrative appelée abusivement “Union Européenne”, qui a une Commission ouvertement immigrationniste et une Cour de justice qui interdit d’arrêter les clandestins. Même si des Copé arrivent au pouvoir dans toute l’Europe, ce carcan administratif aura toujours la main sur la politique migratoire : droit d’asile, regroupement familial, visas, contrôles aux frontières, les nations n’ont plus de marges de manœuvres. Chaque année des centaines de milliers de musulmans s’installent légalement en France, et sont naturalisés presque automatiquement après cinq ans de résidence. Le multiculturalisme, plutôt la juxtaposition de populations va s’amplifier. L’étape actuelle est la multiplication des collèges et lycées musulmans en France, et l’organisation de la vie sociale autour des mosquées, des équipes de sport aux centres aérés. La crise économique qui débute, se superposant à la fracture ethnico-religieuse, risque d’offrir aux tenants de la poursuite de l’immigration une belle démonstration de leur folie idéologique.

(entretien réalisé le 10 novembre)

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