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04/05/2010

Sétif, 8 mai 1945 : des torts partagés

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Présentation de l’éditeur :

  Ce qui est survenu en Algérie dans la région de Sétif a-t-il été une rébellion, un soulèvement populaire, une jacquerie, un massacre, des faits de guerre ou des crimes contre l’humanité ?

Roger Vétillard, né à Sétif, a consulté les archives françaises, algériennes, helvétiques et anglo-saxonnes, rencontré des témoins et des acteurs français, algériens, civils et militaires de ces journées, et il livre les résultats d’une enquête longue de 7 ans, et donne parfois, sans parti pris, plusieurs versions des faits.

Critique du livre dans Minute, 9 avril 2008

                                                 
Massacres de Sétif, ce n’est pas un détail !

                  
   Roger Vétillard est médecin. Il s’est penché sur les massacres de Sétif et Guelma, exaspéré par l’instrumentalisation dont se trouve régulièrement faire l’objet cet épisode noir de l’histoire de la colonisation de l’Algérie. Est-ce son métier d’origine qui le rend méticuleux ? Est-ce un mystérieux effet de la logique des noms qui le pousse à peser chaque détail de manière parfaitement vétilleuse ? Son livre en tout cas est une somme. L’événement est tourné et retourné dans tous les sens. Des témoins oculaires sont interrogés. Les sources littéraires compulsées. Au bout de 600 pages, Roger Vétillard peut dire, en grand honnête homme qu’il est : « La synthèse de ces documents et déclarations me permet de raconter ce qui s’est passé avec un faible coefficient d’erreur. » De quoi s’agit-il ?
Alors que vient d’être proclamée la fin de la guerre, le 8 mai 1945, une manifestation musulmane est organisée à Sétif dans le Constantinois. Malgré les engagements pris par les organisateurs, des drapeaux algériens jaillissent et des slogans indépendantistes fusent. Le sous-préfet Butterlin, un métropolitain récemment nommé pour remplacer des administrateurs locaux qui ont été épurés, ordonne d’arrêter la manifestation. « Il va y avoir de la bagarre », promet-il. Il ne croyait pas si bien dire. En réponse des cris fusent, en arabe : « Ektelhou, edhebou » (« Tuez ! Égorgez !). Les quelques éléments de la police présents doivent rapidement battre en retraite. Et la chasse aux européens commence. C’est une petite fille de huit ans, Arlette Nacache, qui est tuée la première.
Vétillard établit clairement la préméditation de ce coup par les indépendantistes (alors que deux jours plus tôt, on avait tenté de faire échapper Messali Hadj, le leader indépendantiste, qui sera évacué sur Brazzaville). Il souligne l’ambiguïté entre guerre d’indépendance politique et djihad, guerre religieuse. Il pointe le manque d’expérience des fonctionnaires récemment nommés par le gouvernement provisoire et le manque d’effectifs de la police et de l’armée, alors que toutes les jeunes classes d’âge sont encore en Allemagne. La répression, trop tardive, sera terrible. 

                     
Plusieurs historiens algériens, suite à une évaluation de l’ambassade américaine (qui, sur le moment, joue bien sûr en faveur des indépendantistes) parlent de 45.000 morts. On évoque des actes de barbarie, commis par les soldats. Vétillard, conformément d’ailleurs à un chiffre qui tend aujourd’hui à s’imposer parle de 7000 à 10.000 morts. La répression aura duré trois semaines, couverte encore par l’atmosphère de guerre. Messali Hadj, fondateur du Parti populaire algérien, est traité, ainsi que ses séides, de collaborateurs, à cause des liens qu’il a entretenus avec l’Allemagne nazie. Le préfet gaulliste Yves Chataigneau qualifie les rebelles de « meneurs hitlériens ». De fait, les slogans antisémites (« Tuez les Français et les Juifs ») fleurissent parmi les manifestants.
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20:41 Publié dans 14- DESINFORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : massacres de sétif | |  Facebook | |