06/02/2007
L'Institut Avicenne et l'inquiétant Mohamed Bechari
Lu sur http://obsim5962.blogspot.com édition du 7 octobre 2006
Retranché derrière une lourde grille surmontée d'une caméra inquisitrice, l'établissement est s'installé à l'arrière de l'Ecole Supérieure de Journalisme à Lille. Il occupe des locaux d'une superficie de 600 m². Ils seraient loué pour un montant non-communiqué mais «au prix du marché.» (1) La municipalité à toutefois concédé à l'institut un bail emphytéotique qui l'installe pour une durée minimum de 18 ans à des conditions extrêmement avantageuses qui en font le quasi-propriétaire des lieux. (2) Cette méthode est de plus en plus utilisée par les maires qui cherchent à contourner la loi sur la laïcité de 1905 et à faire bénéficier les musulmans de passe-droits pour obtenir leurs votes. cliquer dessous pour la suite
Financement public
Créé sous forme d'association loi de 1901 et fonctionnant dans le cadre de la loi de 1875 sur les établissements d'enseignement supérieurs libre, l'institut ambitionne de délivrer des formations diplomantes. Le budget annuel de l'institut doit avoisiner les 300 000 Euros et ses recettes, provenir de la fondation des oeuvres de l'islam, de dons et de subventions mais aussi de financements publiques (collectivités) et de l'Etat dès la deuxième année. En d'autres termes, ce sont les contribuables français qui, à Lille, vont financer en partie la formation des imams. Parmi les financeurs et les partenaires potentiels, Mohamed Bechari mentionnait la ville de Lille (qui dément soutenir financièrement l'institut), Le Conseil général du Nord et le Conseil Régional du Nord Pas-de-Calais.
La formation des imams est le but principal de l'établissement. A terme, il devrait être ouvert sept jours sur sept. Du lundi au vendredi des formations théologiques devraient être dispensées à deux classes de 25 élèves se destinant à devenir imams où aumôniers musulmans. Ces cours devraient être assurés par des «savants musulmans» ou d'autres imams. Les Samedis et dimanches, 200 étudiants viendront à l'institut pour y recevoir une formation continue en langue française.
Plus étrange, l'institut doit former les travailleurs sociaux en connaissance des cultures musulmanes, en d'autres termes : apprendre à ceux-ci à s'adapter aux moeurs des populations musulmanes qui se sédentarisent en France. Nul ne sait si les municipalités n'obligeront pas les personnels des services sociaux à suivre ces formations qui seront probablement rémunérées avec les deniers publics. De même, il a vocation à établir «des partenariats spécifiques avec des acteurs publics et para-publics (...) autour d'actions culturelles et citoyennes liées à une meilleure connaissance des cultures musulmanes.» Dans la même optique, l'institut veut également enseigner la sociologie de l'Islam en Europe.
Outre la formation des imams, voir celle de personnels publics, l'institut veut enseigner la langue Arabe, (une suite logique puisque celle-ci est considérée comme une langue sacré par les musulmans), et différents aspects des cultures arabes. (3)
Des soutiens trés relatifs
En Mars 2003, dans la conférence de presse pendant laquelle il annonce la création de L'institut, Mohamed Bechari, son dirigeant, cherche à respectabiliser son centre de formation des imams en annonçant que plusieurs personnalités vont participer à sa commission scientifique et un travail en partenariat avec l'université catholique de Lille. Interrogé par le quotidien Nord éclair, certaines personnes citées nuancent grandement l'entousiasme du dirigeant islamique. Monseigneur Defois, l'évèque de Lille, déclare que sa participation comme membre de cette commission «n'est qu'une hypothèse évoquée avec Monsieur Bechari». Thérèse Lebrun, recteur de la Catho, donne une version des évènements qui révèle au passage que la municipalité à jouer un rôle extrêmement actif dans l'affaire : «J'ai reçu M. Bechari car Martine Aubry me l'avait demandé, mais nous n'avons eu en tout qu'une heure d'entretien dans mon bureau. Il se réfère au modèle de la Catho, mais je ne vois pas ce qu'il peut connaître à ce modèle après une heure d'entretien». (4)
Censure Islamique
Président de la Fédération National des Musulmans de France (FNMF), Mohamed Bechari, le fondateur de l'institut, est un personnage inquiétant qui confond fréquemment les palais de justice français et les tribunaux des mollah iraniens.
Artisan d'un climat d'intimidation qui culmine actuellement avec les menaces de morts proférés par des fanatiques musulmans contre le philosophe Redecker, dés 2001, Mohamed Bechari, président de la Fédération Nationale des Musulmans de France, a mené la charge contre Michel Houellebecq, qui avait déclaré quelques semaines avant les attentats du 11 septembre que «la religion la plus con, c'est quand même l'islam». Bechari a uni ses forces à la Société des Hbous et des Lieux Saints de l'Islam, présidée par Dalil Boubakeur, à l'association rituelle de la Grande Mosquée de Lyon et à la Ligue Islamique Mondiale pour traîner l'écrivain en procès. Les quatre organisations islamiques réclamaient 1 Million de Francs de dommages. L'écrivain et le magazine Lire avaient été assigné devant le tribunal correctionnel de Paris en Février 2002. (5) Le 3 décembre 2001, rendu indifférent par l'approche des élections présidentielles aux atteintes à la liberté d'expression du célèbre écrivain, Lionel Jospin, alors premier ministre, avait reçu Bechari et Boubakeur à l'hôtel Matignon pour un dîner de rupture du Jeune du Ramadan. (6)
Voyage au pays des islamistes
Deux ans plus tard, pendant la crise des journalistes français otages en Iraq, les dirigeants musulmans installés en France flairent l'occasion de gagner une légitimité aux yeux des pouvoirs publics en se posant en médiateurs. Mohamed Bechari déclenche une vive polémique lorsqu'il pousse le zèle jusqu'à s'envoler au Qatar. Possédant ses entrées dans les milieux proches de l'islamisme, il rencontre Abassi Madani, le chef historique du Front Islamique du Salut qui vit dans ce pays en exil. Le président de la Fédération National des Musulmans de France s'affiche devant les appareils photos des journalistes en train de lui faire l'accolade et de l'embrasser. Son attitude provoque en particulier la colère des représentants de la Grande Mosquée de Paris au sein du Conseil Français du Culte Musulman, qui sont proches du pouvoir algérien, (le FNMF de Bechari est proche de l'Etat Marocain). (7) Détail troublant, c'est l'état du Qatar qui finance en partie l'Institut Avicenne. (8)
A l'aune de la Charia
En Avril 2005, Mohamed Bechari est devenu un membre permanent de l' académie du Fiqh, une organisation qui a été créée suite à une décision prise en 1981 lors de la troisième conférence islamique à la Mecque. L'académie, qui dépend de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI), réunit des scientifiques et des intellectuels avec pour objectif d'examiner les problêmes de la vie moderne du point de vue islamique. (9) Si Béchari déclare au sujet de la création de l'institut qu'il dispensera «une formation civique pour fonctionner dans le cadre de la Laïcité» (10) son appartenance à une institution pour laquelle tout les problêmes de société se mesurent à l'aune de la Chari'a et se résolvent par l'application de celle ci ne peut que faire douter de cet attachement à la Laïcité. D'autant plus que l'académie du Fiqh est un des partenaires officiels de l'institut avicenne. (11) Chaque année, elle émet une série de recommandations. Dans ses résolutions émises en 1992, consacrée à l' «invasion culturelle» du monde arabe par l'occident, elle recommandait:
«Premièrement : Oeuvrer à l'application de la Chari'a islamique en tant que méthode pour définir nos relations politiques tant locales qu'internationales. [...]
Cinquièmement : Dissiper les doutes suscités par les ennemis de l'islam et cela en faisant appel aux scientifiques saints [...]
Huitièmement : Accorder un intérêt particulier à la langue arabe, oeuvrer pour son expansion [...]
Treizièmement : Oeuvrer à édifier la force des musulmans et à assurer leur autosuffisance économique et militaire. [...]
Quatrozièmement : Exhorter les Etats Arabes et islamiques à apporter leur soutien à leurs coreligionnaires victimes de l'oppression dans diverses régions du globe, à soutenir leur cause et à mettre fin par tous les moyens à l'agression dont ils sont la cible.» (12)
Cette centralité de la Charia n'est pas un fait nouveau à la FNMF de Mohamed Bechari. Interrogé en 1992 par Jean-Paul Mari, un journaliste du Nouvel Observateur, Daniel Youssouf Leclerc, un converti et un des membres fondateurs de la FNMF, qui en était à l'époque président, avait déclaré que "Si demain on avait une majorité dans ce pays, pourquoi est-ce qu'on imposerait pas la Charia progressivement ? Ca vous dérange? Tant pis !" (13)
Embrouilles à la FNMF
En juin 2005, la Fédération Nationale des Musulmans de France sort grande gagnante des élections du Conseil Français du Culte Musulman, soit 10 sur 25 sièges. L'organisation de Mohamed Bechari, toutefois, est rongée par des dissensions internes et dans la guerre que se livrent les différentes factions de dévots, toutes les méthodes sont bonnes. Au début du mois d'octobre, le conseil d'administration de la FNMF le suspend de son poste de président, annonce qu'il entame des poursuites contre lui pour «irrégularité et dysfonctionnement grave» et l'assigne en justice devant le tribunal de grande instance de Saint Etienne. (14) Bechari sera lavé des accusations de malversations administratives par un jugement du Tribunal de grande instance de Nanterre rendu le 22 Juin 2006. (15)
Pressions obscurantistes sur Charlie Hebdo
En février 2006, Mohamed Bechari fait parler de lui dans le cadre de l'hystérie religieuse qui secoue les populations musulmanes après que le journal France Soir ait reproduit quelques caricatures du «prophète» dont la parution dans un journal Danois avait déclenché une vague de haine et de violence dans les pays musulmans. A l'époque, la Fédération National des Musulmans de France renonce à porter plainte contre le quotidien, le mal étant fait. «On insulte le sentiment de 1,2 milliard de musulmans dans le monde» se scandalise Béchari à l'époque. (16) Dans un long article diffusé sur le Blog bechari-mohamed.blogspot.com, il écrit qu' «il convient de préciser que nous sommes totalement d'accord sur le principe de la liberté d'expression, laquelle se trouve être même une liberté fondamentale. Mais une liberté ne permet pas tout. [...] Il existe donc bien des limites à la liberté d'expression, et celles-ci sont inhérentes à son existence.[...] la réaction des musulmans s'inscrit bien dans le sentiment fort que des limites à la liberté d'expression ont été franchies.[...] Nous nous plaçons donc dans une logique purement démocratique [...] la conciliation entre les principes musulmans et les principes républicains sont donc plus que jamais conciliables.» (17)
Ce qui se cache derrière ce respect particulier de la liberté d'expression, derrière ce discours qui veut concilier (fusionner ?) «principes musulmans et principes républicains», c'est un intolérance fondamentale. Si la Fédération National des Musulmans de France a renoncé à poursuivre France soir, elle entend bien intimider et menacer toutes les publications françaises qui voudraient elles aussi publier les caricatures du «prophète». Avec le Conseil Français du Culte Musulman (dont Bechari est alors vice président) et l'Union des Organisations Islamiques de France, une façade associative des islamistes de la mouvance des frères musulmans, la FNMF tente d'interdire au magazine satirique Charlie Hebdo de publier à son tour la douzaine de dessins danois. Les trois organisations islamiques saisissent en référé le tribunal de Paris. Celui-ci rejettera la demande pour vice de forme. Les mollah français, en dépit de leur manières policées, ne font pas encore la loi. (18)
Sponsorisé par le PS
En Septembre 2006, une crise a secoué le Conseil Francais du Culte Musulman. Son conseil d'administration a procédé à l'élection d'un nouveau bureau exécutif dont une des premières mesures a été d'écarter Mohamed Bechari,jugé trop proche des socialistes. Pour lui, les raisons de cette mise à l'écart sont liées aux prochaines élections présidentielles et il accuse notamment l'UOIF de vouloir ramener les voix des musulmans au profit de Nicolas Sarkozy et de l'UMP. (19) Il est incontestable que Bechari cultive de forts liens de sympathie avec le PS. Farid Abdoune par exemple, que Béchari a nommé au poste très stratégique de chargé en communication de l'Institut, (20) serait membre du collectif fédéral du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS)nord. (21) Les facilités accordées à Bechary par la municipalité et le soutien de Martine Aubry en sont une autre indication. L'ancien ministre socialiste Pierre Joxe sert d'ailleurs de caution morale à l'institut.
Opportunisme électoral
Ce qui se cache derrière cette manoeuvre qui, ne reposant que sur les épaules de Béchary, semble bien artificielle, c'est bien une lutte politique dont l'enjeu est le vote musulman aux prochaines présidentielles quitte, pour les socialistes, à installer durablement le cancer islamique dans la capitale des Flandres.
L'UMP et la droite ont multipliés les gestes en direction des musulmans et en particulier de l'UOIF, qui a vu aussi Nicolas Sarkozy, Eric Raoult ou Christine Boutin se rendre à ses rassemblements du Bourget. Localement, de plus en plus de personnes issues de l'immigration musulmane se voient attribuer des places de choix. Aux dernières élections du Conseil Régional du Culte Musulman, c'est la liste de l'UOIF qui est parvenu en tête. Propulser Bechari, c'est tenter, pour les socialistes, de reprendre le contrôle du vote musulman en région lilloise et d'affaiblir l'influence d'Amar Lasfar, l'imam UOIF de la mosquée de Lille Sud.
Dans un cas comme dans l'autre, en aidant l'islam à s'installer en Lille par électoralisme, l'UMP et Le Parti Socialiste ont mis en selle des personnages aussi douteux que dangereux et surtout, ils ont adopté une politique qui ne peut être, à long terme, que préjudiciable aux Français. Face au clientélisme ethno-religieux des Martine Aubry et des Christian Decoq dont la vision politique ne va pas au delà des prochaines échéances électorales, les buts à long terme d'un Mohamed Bechari comme d'un Amar lasfar sont la substitution de la culture arabe à la nôtre, l'islamisation de la France et à terme, l'instauration d'une société basée sur l'application du Coran et de la Charia. La création de l'Institut Avicenne est le symptome préoccupant du climat trés dégradé de la vie politique locale.
1 «institut avicenne : «nous le soutenons moralement, mais pas financièrement»» Nord Eclair/pages métropole, 6 octobre 2006, p 9
2 «Pas de soutien à l'institut avicenne» La Voix du Nord/édition Lille, 06 octobre 2006, p 19
3 «un institut musulman des Sciences Humaines ouvrira en Septembre à Lille» 20 mars 2006
4 Magne, Violaine. «Tiendra-t-il toutes ses promesses» Nord Eclair/région, 07 octobre 2006, p 5
5 «Kiosque» Faits & Documents, 15 décembre au 15 janvier 2002
6 «Le premier ministre Lionel Jospin reçoit des responsables musulmans pour le ramadan» atheisme.org
7 Bertrand, Marie-Noëlle. «polémiques au CFCN» L'humanité, 17 septembre 2004
8 voir note 4
9 «Le Marocain Mohamed Bechari élu membre de l'Académie du Fiqh» Wanadoo Maroc
10 voir note 4
11 Bechari, Mohammed. «Conférence de presse annonce de la création de l'institut avicenne des Sciences Humaines» fdouli.com
12 «Mollah un jour...» Occidentalis, 07 avril 2002
13 Aziz, Philippe. "Le paradoxe de Roubaix" éd. Plon, Ch IV au nom du Djihad, p 90-9114 «Mohamed Bechari, président de la FNMF suspendu de de ses fonctions ?» La Croix/afp, 03 octobre 2005
15 «La justice réabilite Mohamed Bechari» saphirnews.com, 22 juin 2006
16 Madouas, Fabrice. «le prophète au tribunal» Valeurs Actuelles n° 3611, 10 février 2006
17 Bechari, Mohamed. «l'affaire des caricatures : une incompréhension générale» bechari-mohamed.blogspot.com, 13 mars 2006
18 voir note 15
19 «Le CFCM en pleine tourmente» 20 minutes, 18 septembre 2006
20 «La rentrée de l'institut Avicenne reculée d'une à deux semaines» La Voix du Nord/métropole lilloise,
21 sauvonsleurope.org, Liste Partielle des membres
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