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06/04/2007

Actes du colloque : partie 1, Grande Mosquée de Paris

Actes du colloque de Chrétienté-Solidarité « Quelle politique face à l’Islam ? », Salle Albert de Lapparent, 31 mars 2007.

Reproduction de l’intervention de Joachim Véliocas « Les organisations musulmanes en France »

 

"Mesdames, messieurs, bonjour. Je vais vous présenter les différents groupes islamiques en France, s’étoffant et se solidifiant au fil des années. Ils prennent la forme soit d’associations et de fédérations représentées au sein du « Conseil Français du Culte Musulman », soit la forme de mouvements informels cimentés par une doctrine spécifique. Si les musulmans en France se répartissent par affinités dans ces catégories, il ne faut pas y voir là des clivages de fond. Que ces mouvements optent pour les écoles juridiques malékites, hanéfites ou wahhabites, il ne faut pas oublier que ces tendances se rejoignent sur les mêmes sources de la loi islamique : le Coran et la Sunna. Leurs différences se jouent sur des petites nuances de méthodologies juridiques, ne remettant pas en cause les mêmes buts qu’ils partagent : conquérir territorialement la France et obtenir, avant un pouvoir islamique, des zones réservées  pour vivre selon leur propre loi. Face à un pouvoir « impie » ils savent faire cause commune, comme on l’a vu dans l’affaire du procès envers Charlie-Hebdo où Ligue Islamique mondiale, UOIF et Mosquée de Paris pour ne citer qu’eux, se sont serrés les coudes. D’ailleurs, les associations islamiques de toutes tendances savent s‘entendre dès qu’il s’agit de faire poids pour financer des mosquées, comme à Cergy où toutes les associations se sont confondues en une pour arriver à leurs fins.Je vais commencer par la première organisation islamique de France en terme d’ancienneté et de poids politique."


1-      La Grande Mosquée  de Paris

    La Grande Mosquée de Paris n’est pas seulement l’imposant édifice qui se trouve dans le 5ème arrondissement, mais aussi et surtout une organisation riche de centaines d’imams, de plusieurs mosquées et lieux de prières, et doté d’un Institut de formation d’Imam. La GMP est en fait une entité dépendante de la Société des Habous et des lieux saints de l’islam, elle même dépendante de l’Etat Algérien. La GMP est incarnée par le célèbre Recteur tout en rondeur, Dalil Boubaker, qui est loin d’être aussi modéré qu’on veut nous le faire croire.

 

Premièrement, voyons d’où viennent ses imams :

Une enquête effectuée par le Ministère de l’Intérieur en 2004 fait état de 120 imams directement dépendants de la GMP. Sur ce nombre, 70 sont des fonctionnaires de l’Etat Algérien, détachés par la GMP. Cette même enquête relève 207 imams Algériens sur le territoire. Donc 58% des imams Algériens présent en France dépendent de la GMP. Autre illustration de la dépendance Algérienne de la GMP, le directeur de l’école d’imam de la GMP, Abdelkrim Bekri, est l’ancien directeur de l’institut islamique d’Oran.

Lors d’un conseil d’administration de La société des habous et des lieux saints de l’islam, qui gère la Mosquée de Paris, en mars 1998, Dalil Boubakeur demanda de « respecter la France qui a toujours fait beaucoup et qui est notre deuxième pays ». Notre deuxième pays, c’est à dire que sa première patrie est évidemment l’Algérie. La Grande Mosquée de Paris est  une succursale du Ministère des affaires religieuses algérien, qui tous les ans envoie à la rescousse lors du Ramadan une soixantaine d’imams supplémentaire pour encadrer les fidèles. Dalil Boubaker  d’ailleurs explique lui-même que la Mosquée de Paris est une sorte d’ambassade de l’Algérie , je cite : « J´ai un poste à la limite de la diplomatie et de la politique ».

Autre illustration de la nature foncièrement étrangère de la « Société des habous et des lieux saints de l’islam », Chems-eddine Hafiz, bras droit de Boubakeur et avocat patenté de l’ambassade d’Algérie déclara lors d’un « chat »[1] Internet :

« Le Conseil d'administration de l'association "Société des Habous et des Lieux Saints de l'Islam", propriétaire de la Mosquée de Paris, est composé de membres originaires d'Algérie, du Maroc, de Tunisie, d'Egypte et du Sénégal[2] »

Qu’on ne vienne pas nous dire ensuite que la GMP représente un islam de France. Et qu’on nous explique pourquoi il y a le mot français dans « Conseil Français du Culte Musulman », que préside Dalil Boubaker.

 

Deuxièmement, Quel est le type d’islam enseigné à la GMP ?: L’islam diffusé par la GMP se situe dans l’orthodoxie classique, un islam autant spirituel que culturel, social et juridique.

A titre d’illustration, voici comment est perçu le rôle de la mosquée sur le site Internet de la GMP :

« Ces Mosquées ne doivent pas seulement être ouvertes pendant les cinq prières, mais toute la journée comme une source de rayonnement religieux intellectuel, scientifique et culturel, ainsi la Mosquée devient une grande école qui traite les problèmes mondiaux et religieux des hommes; il s'en suit qu'ils comprennent que l' Islam comporte, en dehors des choses spirituelles, des lois qui règlent les relations entre les gens et permettent d'étudier les intérêts personnels des musulmans. »

 

La GMP possède son propre Institut de théologie.

Alors que la GMP se targue de vouloir faire de l’islam une religion française , il s’avère que parmi les critères d’admission à son institut de théologie (son école d’imams), se trouve une barrière de taille pour les français : savoir parler et écrire l’Arabe. Cette condition est  obligatoire et exclusive. Ainsi , Dalil Boubaker se place dans une énorme contradiction : il veut faire de l’islam une religion française mais déni le droit aux français qui ne parlent pas arabe, c'est-à-dire 99% des français, d’accéder à son école. Alors même que le Coran, la sunna et les traités de droit musulmans ont déjà été traduit en français depuis des décennies.

Il s’agit donc d’une discrimination caractérisée. Que fait la Halde ?

Selon le propre aveu des dirigeants de la GMP, Les grandes lignes du cursus de l’institut de formation des imams sont inspirées je cite « des programmes appliqués dans des universités des sciences islamiques telles que

- AL-AZHAR,

- L’Emir Abdelkader de Constantine

- Qarawine à Fes  »

   Les trois universités modèles d’enseignement pour la GMP sont des temples de l’orthodoxie islamique, enseignant une charia classique avec son lot d’appel au jihâd, de châtiments corporels et de punitions envers apostats, de prescriptions rétrogrades.

   Dans le programme d’enseignement détaillé de l’Institut de théologie, on apprend que c’est le rite malékite qui est enseigné. Ce qui est tout à fait logique lorsque l’on sait que l’école juridique du malékisme est officielle au Maroc et en Algérie. Cette école a été fondée par le jurisconsulte médinois Malik au 8èeme siècle. Son traité de droit  Al-Muwatta’ est la base de l’enseignement malékite. Ce traité est disponible en langue française et en vente partout dans les librairies musulmanes, y compris à la Fnac où je me le suis moi même procuré. Or qu’enseigne ce traité de droit musulman enseigné par l’école de Dalil Boubaker ?

Dans le Livre numéro 21 , le point 18 enseigne de tuer les moines ou chanoines prosélytes :

« Tu verras des gens qui se sont rasé le sommet de la tête (en référence à la tonsure de moines prosélytes), abats-les en frappant le sommet de leur tête » L’assassinat des moines de Tibéhirine en 1996,  n’est donc pas le fait de fous, mais de personnes appliquant l’islam enseigné en Algérie.

Le point 18, « Le jugement fait au sujet de l’apostat (al-murtadd) » Zayd Ibn Aslam a rapporté que l’envoyé de Dieu a dit : « celui qui est un apostat, coupez sa tête »

Mâlik commente « Ce que nous pensons, et Dieu est le plus informé, au sujet de ceux qui ont apostasié sont à assommer, ceux qui renient l’islam et se convertissent à une autre religion tels les athées et leurs similaires, ceux-ci le déclarant, on les assomme aussi »

Dans ce livre fondateur du droit islamique de rite malékite, on trouve aussi des justifications au viols des femmes esclaves, au jihâd offensif, et bien d’autres horreurs islamiques.

    Voilà l’islam maghrébin, dit « du juste milieu » selon Dalil Boubaker, expression reprise par les journalistes français, complètement ignares en matière de droit musulman.

    De plus depuis quelques années, Dalil Boubaker n’hésite plus à traiter comme amis les islamistes de l’UOIF liés aux Frères Musulmans, qui soutiennent publiquement le Hamas. Le 26 mars 2005 au Bourget, Boubaker est  aux côtés du président de l’UOIF Lhaj Thami Brezen. Bien révolue l’époque où il menaçait de démissionner à cause du radicalisme de l’UOIF, il fait dorénavant cause commune :

« Notre vieille amitié, c’est une amitié d’une décennie[…] nous voulons taire nos différences ou nos divergences de points de vue pour voir l’essentiel, l’essentiel. L’essentiel nous l’avons dit c’est la réussite de la communauté musulmane dans son insertion harmonieuse, sereine, dans la société française »

- Un journaliste pose la question : « mais il en reste des divergences ? »

- Boubakeur : « heu écoutez, des divergences non, nous avons été très francs, vous savez on a jamais caché nos divergences quand il y en a eut nous l’avons dit à un moment donné pour la constitution du CFCM, nous n’avons pas été tout à fait d’accord, et pendant le parcours de la consultation forcément il y a eut des moments mais là récemment avec la fondation nous avons vu que nos convergences sont vraiment trop fortes , sont vraiment importantes, donc nous allons inch’Allah aujourd’hui poser la pierre à partir de laquelle nous allons construire la confiance et le dialogue qui nous manquait vraiment […]  Nos différences de visions ne doivent pas nous diviser, car nos objectifs sont tous convergents, seules nos méthodes peuvent différer. »

Aussi, Boubaker est de plus en plus conciliant avec les salafistes. Il a placé en bonne place certains imams salafistes notoires sur les listes de la GMP lors des élections du CFCM. Ainsi, Doudi al Adi, imam de la mosquée du Boulevard national à Marseille, salafiste notoire et très lié à l’Arabie Saoudite, a été intégré dans une liste GMP.

On le voit, la Oumma est solidaire et les clivages mineurs entre écoles juridiques sont transcendés par les objectifs communs d’unité communautaire et de conquête territoriale. Ce n’est pas seulement le wahhabisme saoudien qui est extrémiste, les 4 écoles juridiques de l’islam sunnite s’accordent sur les points fondamentaux des peines envers les apostats, les auteurs d’adultères, les prosélytes chrétiens. J’exposerai tout à l’heure les tendances salafistes et « réformistes salafistes » des saoudiens et des Frères musulmans.

Que faire ?

 

-         réciprocité cultuelle :

 

La réciprocité en matière de liberté religieuse de part et d’autre de la méditerranée doit être considérée comme la base de toute autorisation éventuelle de la diffusion de l’islam en France, via mosquées, écoles d’imams et collège-lycées.

Or que constate-t-on dans les pays musulmans d’où proviennent les flux migratoires vers la France ? Une absence patente de liberté religieuses.

-         Au Maroc, l’article 220 du code pénal interdit toute diffusion du christianisme. En novembre 2006, un allemand faisant du prosélytisme chrétien –en l’occurrence il distribuait des bibles- fut condamné à 6 mois de prison par la Chambre correctionnelle d’Agadir.

-         En Algérie en mars 2006,  le gouvernement Algérien a voté une loi punissant la diffusion du christianisme par distribution de documents ou communication audio-visuelle de 2 à 5 ans de prison et de 5000 à 10 000 euros d’amende. En juin 2006, une trentaine d’étudiants Africains, qui eurent tort d’assister à un séminaire chrétien en kabylie, eurent 10 à 15 jours pour quitter le territoire, une fois confisqué leurs titres de séjours. Bouteflika par ces lois répressives, donne des gages à un courant islamiste très puissant. dont la nomination d’ Abdelaziz Belkhadem, islamo-conservateur, au poste de Premier ministre en est l’illustration. Aussi, l’Algérie vient d’interdire l’existences d’écoles francophones.

-         En Egypte, selon  l’ Association Chrétienne du Moyen-Orient, organisation égyptienne, dans une lettre ouverte au Parlement européen lancée l’été 2006 : « Les Chrétiens en Egypte n'ont pas le droit de bâtir des nouvelles églises pour servir la population chrétienne croissante. Ils n'ont pas aussi le droit de réparer leurs églises dejà existantes non plus »[3]

- En Turquie, le traité de Lausanne de 1923 régissant le droit des minorités religieuses ne reconnaît pas la religion catholique. En ce qui concerne la minorité orthodoxe, En avril 2006, Mgr Emmanuel, Patriarche orthodoxe grec lança l’appel suivant: « Nous attendons de la Turquie qu’elle respecte les minorités religieuses, ce qui est quasi inexistant actuellement. » Le Patriarcat oecuménique grec Orthodoxe n’a toujours pas de statut légal, l’institut théologique de Halki a toujours interdiction de rouvrir ses portes, les monastères de la région de Tur Abdin sont toujours fermés.

Si les législations des pays islamiques cités ne changent pas, il n’y a aucune raison à ce que la France autorise sur son sol pour les musulmans ce que ces pays refusent pour les chrétiens. Je propose que la France n’autorise aucune construction de mosquées avant qu’au moins 70% des pays où l’islam est religion d’Etat tolèrent le prosélytisme chrétien et la construction libre d’église. Hypothèse très optimiste car à ce jour 100% des pays islamiques discriminent négativement le culte chrétien ou sa diffusion. Si ce seuil de 70% est atteint (non utopique j’ose espérer ) la France pourrait tolérer à son tour la construction de mosquée à la condition que leur architecture n’arbore ni coupoles, ni minarets, afin de respecter les paysages français. Maintenant, outre les mosquées, qui je le rappelle sont des ensembles regroupant espace de prière, espace social, espace d’enseignement du droit musulman et bibliothèque, des salles de prières discrètes dans des locaux neutres peuvent canaliser le besoin cultuel des centaines de milliers de musulmans le vendredi. En effet, il faut être pragmatique et ne pas se voiler la face : sans salles de prières, les musulmans n’hésitent pas à se regrouper à l’air libre dans les jardins publics comme cela s’est vu à Marseille, sur les places de nombreuses Mairies, voire dans les rues comme dans le 18ème à Paris. C’est une question d’ordre public et de principe de réalité, les français préfèrent à ce que l’islam ne s’exprime pas dans les lieux publics. La pratique en salle de la prière du vendredi permet ainsi à tout le monde d’y trouver son compte : à la fois les français qui veulent que les assemblées de prières se fassent dans des espaces clos et discrets, hors de la vue des passants, et les musulmans préfèrent de même prier leur Dieu de manière digne dans des abris couverts.

Tant qu’ils sont minoritaires, leurs prières n’ont aucune conséquences et ces lieux de cultes –devant être discrets je le rappelle- permet d’éviter qu’une révolte se fomentât si une interdiction pure et simple de tout lieu de culte était appliqué de manière radicale.Bien entendu, aucun centime d’argent public ne saurait donner un coup de pouce au culte musulman, pas plus que les mairies ne doivent mettre gratuitement des terrains à disposition via des baux emphytéotiques. Est-ce que les communautés catholiques de Tradition se voient offrir sur un plateau des milliers de mètres de terrain constructibles ? Si cela existe, je n’en ai pas connaissance.



[1] Dialogue en ligne sur le réseau Inernet.

[2] Maître Chems-eddine Hafiz, Quel rôle joue la Grande Mosquée de Paris au CFCM ?, Saphirnews.com, 10/07/2005

[3] Middle East Christian Association, publié le 5/7/2006

 

15:10 Publié dans 08 - MOSQUEE de PARIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ump, sarkozy, udf, bayrou, fn, politique, royal | |  Facebook | |

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