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11/12/2008

Islam : trop visible en France ? Joachim Véliocas invité sur France O

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1- Preuves de mes affirmations sur Tareq Oubrou :

  Bernard Godard et Ghaleb Bencheikh  ont mis en doute mes révélations sur la conception de l'islam de Tareq Oubrou, recteur des mosquées de l’Association des Musulmans de Gironde (AMG, membre de la sulfureuse UOIF) et annoncé comme le « chef de projet » de la future grande mosquée de Bordeaux. Un projet très ambitieux déjà avancé par l’acquisition par la mairie de la ville d’un terrain de 11 000m2 situé rive droite de la Garonne…

 

   Or, mes affirmations sont exactes. Tareq Oubrou a donné par le passé des conférences sur Hassan Al-Banna (1906-1949), au cours desquelles il encense le fondateur des Frères Musulmans qui affirma en son temps qu’« il est dans la nature de l'Islam de dominer, d'imposer sa loi à toutes les nations et d'étendre son pouvoir dans le monde entier». (Hassan al-Bannâ’, charte des Frères Musulmans) 

     Les vidéos de l'intégralité de sa conférence sur le père de l'islamisme moderne sont ouvertement consultables sur le site internet Dailymotion ou Googlevidéo.  Il y fustige toute interprétation non littérale des textes, fait l'apologie de la Dawa' « expansion de l'islam à toutes les strates de la société », réclame l'Etat islamique dans un premier temps, puis « la réunion de tous les Etats islamiques » dans le Califat mondial. Il n'est pas pressé « une question de siècles »...                                          

Les citations en italiques qui vont suivre sont tirées de cette même conférence :  

       

 Le Califat, abolit par un « juif », est à restaurer :                       

« Le Califat qui  est le symbole de la réunion et de l’union de toute la communauté, c’est le symbole de la force des musulmans. Un 2 mars 1924 le Califat est déclaré abolit par Mustapha Kemal connu sous le nom de Atatürk, c'est-à-dire le père des turcs, qui est un juif d’origine et qui s’est déguisé en musulman. La Oumma se trouve alors dans une situation illégale, je dirais même dans une position de péché, car le Califat est une obligation, et la réunion des musulmans, l’union autour de ce Calife est une obligation. Et tant que les musulmans ne sont pas réunis autour du Califat, ils sont des pécheurs, sauf ceux qui oeuvrent pour restaurer ce Califat  »  d’Istanbul à…Bordeaux. (Khilafa est le mot employé lors de la conférence, je me permet de le franciser pour faciliter la compréhension)

 

   La France en tant qu’Etat-nation est donc un obstacle à l’internationalisme du Califat mondial. Bordeaux ne serait qu’une ville dans l’ensemble de l’Ordre islamique mondial. Mustapha Kemal (1880-1938), père de la Turquie moderne, dont la judéité supposée n'est qu' une invention3destinée à le diaboliser (le fameux complot juif),  voulait cantonner la religion dans la sphère privée. Le « Père des turcs » (Ataturk), qui se réclamait de la Révolution française, qui voulait laïciser l’état, qui  libéra les femmes du hijab et abolit la polygamie, demeure à ce titre un des personnages historiques des plus honnis en islam.                                          

 

 L’islam « est un pays », la frontière « une méprisable hérésie »                                

« L’islam est une organisation c’est un ordre des choses qui touche à tous les phénomènes et à tous les champs de la vie […] cette notion a suscité la surprise de la communauté, parce que pour beaucoup de musulmans l’islam est réservé aux vieux, est réservé aux mystiques, dans un petit coin de la mosquée,  en dehors de la mosquée tu peux vivre ta vie. L’islam comme le veut le Coran touche à tous les domaines de la vie. C’est un Etat, c’est un pays […] il regroupe toute la communauté dans une géographie. Il n’y a pas de frontières […] la frontière entre deux pays est une hérésie méprisable en islam. Les Frères musulmans ne reconnaissent pas les frontières entre les peuples musulmans. » Tareq Oubrou expliquant qu’il suffit d’un représentant par Wilayat, soit par sous-région administrative califale. La France serait donc dirigée par un représentant local du Calife…

 

   De plus, il reprend bien les idées d’Hassan al-Banna à son propre compte. Il ne dit pas « la frontière entre deux pays est une hérésie méprisable selon Hassan al-Banna » mais bien « la frontière entre deux pays est une hérésie méprisable en Islam ». De même, sur la question du Califat, Tareq Oubrou enfonce le clou en précisant que la fin du gouvernement transfrontalier est une situation intenable, que les musulmans ne collaborant  pas  à ce projet sont à blâmer : « je dirais même dans une situation de péché »…il s’exprime bien à la première personne et non au nom de Al-Banna.

 

Il avoue d’ailleurs bien volontiers que Hassan-al-Banna est son inspirateur principal : Dans un livre d’entretiens avec Leila Babès, Loi d’Allah, loi des hommes [4](Albin Michel), Tareq Oubrou cite ses références doctrinales « je n’hésite pas à m’inspirer de tous les courants islamiques anciens ou modernes : salafisme, soufisme, mutazilisme, Frères musulmans. Dans chaque courant il y a du positif et du négatif. Hassan al-Banna, à ce titre, reste pour moi l’un des personnages qui m’ont le plus marqué avec Shafi’î, Ghazali, Ibn Arabi, Ibn Taymiyya et d’autres» Leila Babès, Tareq Oubrou, Loi d’Allah, loi des hommes, Albin Michel, 2002 p.43

 

Lors de la même conférence sur Hassan al-Banna’ il affirme : 

« Il (le Calife) dirige la vie par la religion, il dirige les relations entre les hommes par la religion. Et quand on dit la religion c’est pas dans le sens ecclésiastique, ni judaïque du terme. La religion en islam elle a toute une autre signification, c’est une manière de vivre c’est une conception des choses, c’est un mode de vie selon la volonté d’Allah »                                        

« La politique est une donnée, est une partie, est un élément de l’islam. Le Prophète était un chef d’Etat. » 

 

Question d'un fidèle  à la fin de la conférence :                

 

    « Puisque la politique fait partie intégrante de l'islam, comment peux-tu nous conseiller, nous jeunes Français musulmans de participer à la politique dans notre patrie la France et de ne pas laisser le terrain libre aux non-musulmans? » ( laisser le champ libre à Alain Juppé par exemple)                 

      

   Sourire mi-gêné mi-amusé de Tareq Oubrou : « je pense que Abdallah Ben Mansour (nda : co-fondateur de l'UOIF, tunisien lié au parti Ennhada, interdit en Tunisie pour cause d'islamisme)  saura vous donner la réponse [...] il est plus branché sur la question que moi »

                                       

 

"La politique des musulmans ce n'est pas la politique des autres, la politique des autres est construite sur le mensonge"  balance carrément Oubrou... Ce qui n'empêche pas Alain Juppé d'avouer d'avoir "d'excellentes relations" avec les responsables associatifs musulmans...

Lors d’un "chat" avec les lecteurs du Monde, le 10 janvier 2008:

« Moned : A quand la grande mosquée de Bordeaux ?

   Alain Juppé : Nous sommes en discussion avec la communauté musulmane. Nous avons d'excellentes relations avec ses principaux leaders. J'ai déjà indiqué qu'un terrain leur serait proposé. Ils sont en train d'élaborer leur projet, qui, je l'espère, pourra se réaliser dans les prochaines années. » 

 

Pour lire toutes les citations compromettantes, se reporter à notre article.

 Pourquoi, alors, Bernard Godard, pourtant très bien informé de par sa longue carrière aux Renseignement généraux, spécialisé dans les questions islamiques, s’échine à mettre en doute mes propos, tout comme Ghaleb Bencheikh qui va jusqu’à affirmer avoir de bons rapports avec Tareq Oubrou (il l'invite souvent dans son émission de France 2) ? Cela est très compréhensible lorsque l’on sait que Bernard Godard a été un des artisans de la création du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), dans laquelle il a laissé s'introduire l’UOIF, dont fait partie Tareq Oubrou, un mouvement fondamentaliste notoire. Critiquer Tareq Oubrou serait pour lui intenable, il se déjugerait et devrait avouer ses erreurs d’appréciations, voire un manquement professionnel…Effectivement, l’Institut européen en science des religions présente ainsi Bernard Godard : « De 1997 à 2002 il est en charge du dossier islam au ministère de l’Intérieur, depuis 2002, il assure le suivi de l’islam comme chargé de mission au bureau des cultes. Il est considéré comme un des « architectes » du CFCM. » 

Voilà pour le cas Oubrou. Pour en savoir plus sur le contenu de cette fameuse conférence,se référer à notre article édifiant et complet sur le sujet.

 

 

2- Preuves de mes affirmations sur l’Institut de théologie de la Mosquée de Paris

 

Lors de l’émission, j’ai sérieusement déstabilisé mes adversaires en révélant les idées d’ Al-Ghazâlî (1058-1111), nom que s’est donné l’Institut de théologie de la Grande mosquée de Paris, qui forme les imams dits « français ».

 

Dans mon ouvrage L’islamisation de la France (éditions de Bouillon, 2007), je m’étais arrêté sur ce grand jurisconsulte, incontournable jusque dans les Fnac où il fait partie des meilleures ventes de livres des rayons Islam.

 

Voici donc ce que je révélais à la page 38 :

 

 

« La distinction entre petit (combat armé) et grand jihâd (combat intérieur, spirituel) n’est mentionnée ni dans le Coran, ni dans les six recueils classiques des hadith reconnus comme authentiques (Sâhih). Cette nouvelle acception du terme dans sa dimension de combat spirituel contre ses mauvais penchants (grand jihâd), provient de l’école Soufie et  n’apparaît qu’au IX ème siècle. Al-Ghazâlî (1058-1111), grand théologien musulman pré-cité, éminemment respecté, enseigne dans La mesure des Actes que la distinction entre petit et grand jihâd aurait été défini par Mahomet et ses compagnons, donc sacralisée:

 

« Combattre effectivement est aussi malaisé que de reprendre le souffle. Seul le connaîtra celui qui cherche à extirper l’appétit de son âme. C’est pourquoi les compagnons ont dit « nous revenons du « petit jihâd » pour aborder le « grand jihâd » ils ont donné à la lutte à l’épée contre les mécréants le nom de « petit jihâd ». C’est ainsi que quand on a demandé au prophète « quel est le meilleur des jihâd Ô envoyé de Dieu » il a répondu « Le combat contre tes passions[5] ».

 

Le petit jihâd est un préalable à l’accomplissement d’une société pacifiée et vouée sans entraves à l’islam, où il n’existe pas de groupes d’individus gênant l’application de son programme. A cet égard, la France en refusant la non-mixité dans les écoles, en interdisant le port du voile à l’école et dans la fonction publique, en enseignant l’évolutionnisme à ses enfants, peut être perçue par une frange radicale des musulmans comme entravant l’épanouissement de l’islam, raisons suffisantes pour déclencher un conflit.

 

Le « grand jihâd », cet effort spirituel,  ne peut se réaliser pleinement que dans une société favorable à l’islam. L’ « Argument de l’islam », surnom d’ Al-Ghazali, dans son Livre du Repentir, ne dit pas autre chose :

 

« La cessation de l’inclination est due à la force de la certitude et à la sincérité de la lutte antérieure […] l’affirmation de celui qui estime cela n’atteint pas le mérite du combat spirituel puisqu’elle relève une incapacité à embrasser le sens plénier du mot jihâd (intégrant l’effort spirituel), car le but du jihâd (guerrier) n’est pas une fin en soi, il vise plutôt le fait de briser l’acharnement de l’ennemi pour qu’il ne t’entraîne pas vers ses désirs et s’il échoue dans sa tentative de t’entraîner ainsi, il ne peut plus t’empêcher d’emprunter la voie de la religion. »[6]

De plus, j’avance que Al-Ghazâlî est un juriste musulman favorable à la lapidation des femmes, ce qui est tout à fait exact. Que ceux qui en doutent lise son Livre du repentir.

   L’Institut, dans la présentation de son programme, affirme que « Les grandes lignes de ce cursus sont inspirées des programmes appliqués dans des universités des sciences islamiques telles que AL-AZHAR, l’Emir Abdelkader , Qarawine etc. »

  Voici les extraits d’un texte du professeur Maryam Jameelah, intitulé  Islam versus ahl al kitab past and present, trouvé sur le site Internet officiel d’Al-Azhar (traduction anglais-français par Joachim Véliocas) : 

 

« L’islam abhorre la doctrine du sécularisme. Le musulman ne peut que tendre vers un environnement islamique dont le devoir d’établissement lui revient […]

           

 Seul l’islam constitue un mode de vie complet, embrassant tout, compréhensif, où l’individu contre la société et le matériel contre le spirituel se balancent en parfaite harmonie. Les lois de l’islam appelées charia fournissent une infaillible guidance à tous les aspects individuels et sociaux de la vie collective.  La Charia embrasse le rite religieux, le caractère personnel, la morale, les habitudes intimes, les relations familiales, les affaires économiques et sociales, l’administration, les droits et les devoirs des citoyens, le système judiciaire, les lois de la guerre et de la paix et les relations internationales […] l’islam est un système réaliste qui suppose que le peuple vivant selon sa voie vivra dans une société  gouvernée par l’islam »

 

   Les caractéristiques du totalitarisme sont excellemment bien exposées par Maryam Jameelah. Comment André Bercoff peut-il affirmer que « L’islam est une religion comme une autre » ? Le journaliste, qui, avant l’émission dans les loges, m’affirma tranquillement que nous étions en pleine quatrième guerre mondiale…à la télé, l’autocensure règne.

                            

 

3- Ghaleb Bencheikh et ses contradictions.

 

 

 

   Ghaleb Bencheikh est un vrai musulman modéré, s’évertuant avec son courageux frère Soheib d’incliner les musulmans de France vers un mouvement réformiste libéral (à l’inverse du mouvement réformiste salafiste des Frères Musulmans). A ce titre, je tiens à exprimer mon soutien à Ghaleb Bencheikh, homme qui est resté courtois avec moi tout au long du débat, malgé nos divergences.

 

 

 

    L'intellectuel musulman  a mis en doute mes affirmations sur Averroès lorsque je remarque qu’il exhorta de son vivant les musulmans d’Andalousie à lancer un Jihâd contre les Chrétiens du nord de l’Ibérie. Je le renvois donc au chapître II de mon livre, page 40, Philosophie musulmane et Jihâd :

 

« La philosophie musulmane, la falsâfa, surtout fruit des penseurs Iraniens, est sans aucun doute une source de pensée auxquels les occidentaux auraient tort de se priver. Mais si il est nécessaire de vanter les qualités d’Avicenne, et de Al-Fârâbi, pour ne citer qu’eux, il serait trompeur de les voir comme l’incarnation de la sagesse perdue de l’islam.

Averroès (Ibn Rushd), persécuté pourtant de son vivant par le Calife Al-Mansur et ignoré pendant des siècles en Orient[7], est devenu récemment l’étendard de la pensée arabo musulmane (bien qu’il fut ethniquement espagnol). Référence obligatoire lorsque l’on traite du théorique « islam des lumières », son nom s’accole à d’innombrables mosquées et associations musulmanes en France. Preuve par lui-même que la tolérance serait possible en islam, le philosophe commentateur d’Aristote est de toute évidence une grande intelligence, mais sa conception de l’islam est dans bien des aspects contraire à la sagesse qu’on lui prête. Pour Averroès, la charia ne se discute pas, celui qui aurait l’audace de le faire s’exposerait à des châtiments justifiés. La sagesse, selon lui, a pour principe de faire allégeance à la Loi en estimant aveuglément le législateur. Toute opposition aux prescriptions de la charia fait planer la menace de la division de la communauté des croyants, et à ce titre, sème le trouble, le désordre (fasâd), réprimandable par l’exécution. Ainsi, dans son livre Tahafut al-Tahafut, Averroès recommande de tuer les hérétiques. L’islamologue Dominique Urvoy[8], dans sa biographie d’Averroès[9], écrit que le philosophe aurait été obligé d’accepter la condamnation de Salman Rushdie s’il avait vécu à notre époque. Le jihâd, Averroès lui consacra un chapitre dans son livre Bidâyat al-Mudjtahid ainsi que dans la Paraphrase de la République de Platon dont est tiré l’extrait suivant :

 

« Les nations de l’extérieur […] doivent être contraintes. Dans le cas de nations difficiles, cela ne peut se produire que par la guerre. Il en est ainsi dans les lois qui procèdent conformément aux lois humaines, comme dans notre loi divine. Car les chemins qui dans cette loi conduisent à Dieu […] sont au nombre de deux : le premier passe par le discours, le second par la guerre »[10]

 

Ainsi Averroès expose une version orthodoxe de la charia concernant les nations du territoire d’infidélité, la soumission par la conversion ou le combat. Son biographe Al-Ansârî al-Marrâkusî, s’appuyant  sur le témoignage d’un disciple Abûl-Qâsim b. at Taylisân (1179-1244), rapporte qu’Averroès, dans un prêche à la Grande Mosquée de Cordoue,  appela au jihâd offensif contre les royaumes chrétiens du Nord.[11]

 

Pour en finir avec le mythe d’un Averroès tolérant, il faut aussi rappeler ce qu’il avait en commun avec les théories nazies sur l’eugénisme : l’élimination des handicapés mentaux.

 

Le professeur  Rémi Brague[12], dans une contribution à l’ouvrage collectif « Enquêtes sur l’islam »[13], réalisa un chapitre sur le « jihâd des philosophes » dont les informations dispensées servent  à cet éclaircissement. Il conclut son article par un propos allant à l’encontre des idées reçues sur les philosophes estimés paisibles du monde islamique :

 

« Dans son approbation de la guerre, la falsâfa est encore plus radicale que la pratique islamique ordinaire. Celle-ci a pour but la conquête de l’Etat, non celle des esprits ; il s’agit de s’emparer du pouvoir. D’après la doctrine islamique ordinaire, la conversion à long terme des peuples conquis est hautement souhaitable, mais n’est pas une fin première.[…] La fin principale est la paix (salâm), c'est-à-dire, la domination islamique sur un domaine « pacifié » (dâr as-salâm). Les philosophes développent une doctrine d’après laquelle la guerre sainte peut conduire à la philosophie, ce pour quoi ils veulent aussi conquérir les âmes. »[14]

 

 

  Aussi, Mr Bencheikh a mis en doute le fait qu’Anne-Marie Delcambre ait le titre d’universitaire. Curieux pour la seule femme française à avoir été félicitée par l’Université islamique d’Al-Azhar pour ses travaux à la fin des années 80. Anne-Marie Delcambre est docteur d’Etat en droit, docteur en civilisation islamique et professeur d’arabe littéraire dans un des plus grand lycée parisien. Tout comme moi, elle pense que l’islamisme et l’islam sont aussi inséparables que l’œuf du poussin.

 

 

   Mais revenons à la conception de l’islam de Mr Bencheikh, dont j’avais consacré quelques lignes dans mon ouvrage, au chapître L’école réformiste libérale, l’ultime espoir. A la page 228, je notais :

 

« Ghaleb Bencheikh, ou l’islam édulcoré

 

Ghaleb Bencheikh, présentateur de l’émission dominicale « Islam »  sur France 2, a un profil similaire à Malek Chebel en terme d’approche de la religion musulmane. Docteur ès sciences, physicien et de formation philosophique et théologique, c’est un intellectuel d’une réelle érudition. Bencheikh est partisan d’une relecture du Coran à l’aune de son contexte historique. Allant à l’encontre des musulmans considérant le livre divin intouchable, il ne veut plus tenir compte des passages guerriers. Sa position est hasardeuse, il soutient que « Ces passages violents du Coran sont toutefois éclipsés par pléthore d'autres passages qui, tel le verset 31-33 de la sourate 41, disent : « La bonne action et la mauvaise ne sauraient aller de pair. Repousse le mal par le bien... »[15]

Les appels aux combats éclipsés ? Les versets de l’épée sont pourtant abrogeant, et donc ne peuvent être remis en cause. Aussi, l’intellectuel veut faire du Coran un livre temporel, perdant ainsi son caractère éternel pourtant reconnu comme tel par la tradition. Il prône une relativisation des passages guerriers, comme si la parole de Dieu pouvait s’interpréter au second degré en islam…

« Afin de ne pas se borner à une lecture littéraliste telle que la pratiquent les pourfendeurs du Livre et les extrémistes fanatiques, il faut disposer d'un outillage intellectuel, qui permet de relativiser ces quelques phrases, qui ne sont en rien une innovation Coranique. Encore une fois, aux exégètes musulmans d'assumer leur responsabilité. Ils doivent affirmer que ces passages Coraniques sont temporels et circonscrits. »[16]

L’optimisme de Bencheikh est démesuré. D’après lui, les passages violents du Coran se résument à « quelques phrases »[17]. Or, le jihâd, au sens de guerre, apparaît quarante neufs fois dans le Coran, et le verbe « combattre » (qital) cinquante et une. Le Coran et les diverses biographie de Mahomet rapportent que le prophète de l’islam aurait organisé et personnellement dirigé vingt-sept campagnes militaires, puis décidé trente-huit autres confiées à ses compagnons. On aimerait croire Bencheikh quand il poursuit : « Le Coran est un chant d'amour oblatif, un appel pathétique à la mansuétude et la magnanimité, continuateur des préceptes nobles et moraux de l'Ancien et du Nouveau Testament. » [18] Bencheikh ne dit pas comment le Coran peut être la continuité de l’Ancien et du Nouveau Testament alors qu’il est strictement interdit de lire ces livres en islam, dont le premier aurait été falsifié par les juifs et les chrétiens.

 

 

 

  Voici donc ma mise au point. Elle se devait d’être précise et étoffée vu la sensibilité du sujet, et les sous-entendus à mon encontre (exagération, manque d'expérience, voire paranoia)

 

  Ainsi, les téléspectateurs de France O ont tous les éléments pour juger qui, parmi les invités, était « excessif »...ceux qui soutiennent l'islamiste Tareq Oubrou dans les ministères de la République, ou un jeune patriote n'ayant rien à gagner, voulant simplement défendre la liberté de son peuple face au totalitarisme islamique.

 

   Je tiens à remercier Ahmed el-Keiy pour m’avoir invité, ce journaliste honore le service public et la démocratie...même si sur les 171 archives vidéos de son émission, seule celle où j'apparais ne fonctionne pas...le "système" a pris peur.

 

   Vive la France une et indivisible, souveraine, multicolore et non multiculturelle…

 

Joachim Véliocas.

Auteur de L'islamisation de la France, Godefroy de Bouillon, 2006



[1] Hassan al-Bannâ’, charte des Frères musulmans

 

[2] http://www.dailymotion.com/relevance/search/al+banna/video/x1ya0h_tarik-oubrou-hasan-albanna-55_politics

[3] Aucun registre d’état civil n’existait avant l’accession au pouvoir de Mustapha Kemal, rendant improuvable cette identité juive. Enfant, il fréquenta l’école coranique. Ses biographes parlent d’un père albanais et d’une mère musulmane originaire de Salonique.

[4] Leila Babès, Tareq Oubrou, Loi d’Allah, loi des hommes, Albin Michel, 2002 p.43

[5] Al-Ghazali, La mesure des Actes, Albouraq, 2005. En vente libre en France, Fnac compris.

[6] Abou Hâmid al-Ghazâlî, Livre du repentir,éditions de la Ruche, 2003, p.141

[7] Averroès n’accéda à la postérité que grâce aux traductions latines et juives de ses œuvres, boycottées et brûlées par les arabes.

[8] Dominique Urvoy enseigne la pensée et la civilisation arabe à l’université Toulouse-Le Mirail, après avoir été professeur d’université à Damas, Beyrouth et Dakar. Il a écrit de nombreux ouvrages.

[9] Dominique Urvoy, Averroès. Les ambitions d’un intellectuel musulman, Flammarion,1998 p.146.

[10] Averroès, Commentary on Plato’s Republic, éd Ralph Lerner, Ithaca/Londres,1974, I,VII,11,p.26,14-18

[11] Voir J.Pui, « Materialon Averroes’Circle » in JNES,LI,1992,p.257.

[12] Rémi Brague est professeur de philosophie médiévale à Paris-I Sorbonne et à Munich.

[13] Anne Marie Delcambre, Collectif, Enquêtes sur l’islam, Desclée de Brouwer, 2004. Les meilleurs spécialistes de l’islam français ont collaboré à cet ouvrage: Edouard-Marie Gallez, Dominique Urvoy, Gérard Troupeau, Samir Khalil Samir, Maurice Bormanns.

[14]Op.Cit, p262

[15] Ghaleb Bencheikhh El-Hocine, Polémique : le Coran et la violence, le point 05/10/01 - N°1516 - Page 78

[16] ibid.

[17] ibid.

[18] ibid.

    

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