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18/01/2011

Islamisme tunisien : retour imminent de Rached Ghannouchi

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Lu dans Jeune Afrique- édition du 15 janvier (extrait) :

"Dans une déclaration accordée à Al Jazira, Rached Ghannouchi (69 ans), président du mouvement islamiste El Nahda, a déclaré qu’il voulait figurer dans le gouvernement d’union nationale qui se prépare en Tunisie. Il s'est surtout étonné qu'on n'ait pas fait appel à lui, car il affirme que le futur gouvernement doit représenter toutes les tendances, dont celle des islamistes de son parti, El Nahda (la renaissance), interdit sous le régime Ben Ali et dont quelque 30 000 militants ont été arrêtés dans les années 1990.

Mais Ghannouchi n'est sans doute pas le bienvenu en Tunisie, où il a été condamné par contumace à la réclusion à perpétuité en 1991 pour complot contre l'ex-président Ben Ali - une affaire qui lui avait valu l'exil deux ans plus tôt. De Londres, où il vit désormais, il clame son innocence et invoque un procès politique destiné à briser l'essor de son parti qui avait réussi à remporter 17 % des voix aux législatives. Mais il annonce son prochain retour en Tunisie, le Premier ministre Mohammed Ghannouchi ayant assuré, lorsqu'il assurait l'interim de la présidence avant que celui-ci ne soit confié à Fouad Mebazza, que les opposants et exilés étaient libres de rentrer au pays." Lire la suite

                                 

Quand Rached Ghannouchi fréquentait L'Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), membre du CFCM : 

Le texte qui suit est issu d'une annexe sur l'UOIF tirée du livre-enquête Ces Maires qui courtisent l'islamisme (éditions Tatamis, octobre 2010) :

"Rached Ghannouchi et Salah Karker (islamiste mêlé à la préparation d’attentats visant quatre hôtels en Tunisie le 2 août 1987, ce qui lui valu d’être depuis décembre 1987 l’objet d’un mandat d’arrêt international) seront jusqu'au départ de France du premier ou l’assignation à résidence du second, parmi les principaux hôtes officiels des premiers congrès annuels que l’UOIF tient encore au Bourget. Durant son séjour en France, de 1989 à 1992, Ghannouchi y prendra chaque année la parole à la tribune, En-Nahdha disposant, tout comme le FIS jusqu’en 1993, d'un stand dans l’enceinte de ce rassemblement. Dans une cassette vidéo  reprenant une conférence du cheikh Ghannouchi, enregistrée en 1992 au Bourget, le discours destiné aux fidèles en interne est très instructif.
La transcription de ce document en effet ne manque pas d’intérêt, si l’on se remémore que lors de ses rencontres avec des journalistes ou des hommes politiques tant européens qu’américains, cette figure emblématique de l’islam radical tient des propos non violents et aime donner d’elle-même une image moderniste, démocrate et pluraliste. Or, la traduction des discours de Rached Ghannouchi - de ses prêches plutôt - en arabe distille une toute autre vision des convictions de ce chef religieux musulman : «… l’Islam est une religion suprême par rapport à toutes celles qui l’ont précédé. C’est Dieu qui en a décidé ainsi et il en est le garant. [...] Il est écrit que cette religion l’emportera inéluctablement sur toutes les autres religions. Mais au prix d’un long parcours parsemé d’embûches. Une seule condition est requise : la communauté musulmane en tant que concept politique doit être unie dans la Miséricorde.
[...] Le principe primaire de cette croisade est le prosélytisme dans les lieux de prière.
[...] Il ne faut pas croire ceux qui vous disent que la politique ne doit pas se faire dans l’enceinte de la mosquée. Où se fait donc la politique ? La mosquée est le siège du gouvernement islamique. Où le prophète Mahomet et ses nobles successeurs conduisaient-ils les affaires de l’Etat ? N’est-ce pas dans la mosquée que la justice est rendue, l’enseignement dispensé et même l’entraînement ainsi que la conduite des opérations militaires ?
[...] Qu’est-ce que cette séparation de l’Etat et de la religion ? L’Ilmania [laïcité], c’est un concept de Kouffars [infidèles]. Regardez, par exemple, le grand Babbass [le Pape] et les religieux chrétiens ou les rabbins, ne tiennent-ils pas de discours politiques ? Le musulman devrait-il seul s’abstenir de s’occuper de politique ?
[...] Aujourd’hui la plupart des nations arabes sont dirigées par des Mounafiqoun [hypocrites]. Ces derniers se disent islamiques. En réalité, ils règnent sur les terres d’Allah au profit des kouffars, alors que le Prophète a mis en garde les musulmans de prendre pour tuteurs les chrétiens et les juifs. Ces gouvernements d’hypocrites sont plus dangereux que ces derniers et il importe de les combattre en priorité. [...] Ils se sont coalisés avec les gens du Livre [les chrétiens et les juifs] pour fouler le sol de la presqu’île Arabique, siège des deux Lieux Saints et qui plus est, pour combattre un pays musulman. Pourtant le prophète a dit : «j’ai purifié cette terre pour toujours, il n’y a pas de place pour deux religions». [...] les musulmans luttent partout et l’Islam connaît un état de grâce sans précédent. [...] Au siècle dernier, les musulmans étaient au nombre de 20 à Paris. Aujourd’hui, ils sont plus de deux millions. [...] Les mosquées, les établissements et les quartiers musulmans ont connu, depuis une vingtaine d’années, une expansion vertigineuse en France. [...] L’Iran, le Soudan sont devenus des états islamiques. L’lslam politique avance en Jordanie, au Pakistan, au Yémen, en Turquie, en Russie, en Bulgarie. [...] La formidable révolution islamique en Algérie est sans précédent. [...] Priez pour qu’elle soit bénite… ». Et Ghannouchi d’exhorter son auditoire : «N’oubliez surtout pas que vous êtes ici des immigrés au sens de l’immigration du Prophète avec ses compagnons pour étendre l’Islam. [...] Vos prédécesseurs étaient des ouvriers. [...] Tachez de devenir des patrons [...] Epargnez et créez des entreprises, telles que des sociétés de taxis, des boucheries. [...] Faites en sorte que pas un seul franc ne tombe ailleurs que dans la poche d’un musulman... ». En avril 1996, dans une tribune publiée par Die Zeit, quotidien d’Hambourg, le leader d’En-Nahdha se prononcait d’ailleurs clairement sur le sujet de la violence et de l’emploi de la force pour instaurer le règne d’Allah  : «... L’Islam frappe à toutes les portes. Il progresse par les moyens pacifiques partout où c’est possible. Mais si les portes lui restent fermées, alors il cherche à les ouvrir, parfois sous la pression du peuple, parfois en faisant usage de la violence... ».
 

Le  livre dont est tiré cet extrait :

12:00 Publié dans 23- TUNISIE | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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