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03/03/2012

Les musulmans nous refont le coup de l'apocryphe "évangile de Barnabé"

On ne doit pas confondre l'ouvrage apocryphe appelé "évangile de Barnabé" avec l'« Épître de Barnabé », qui a probablement été écrite au deuxième siècle. Il n'y a aucun lien entre les deux livres que ce soit dans le style, le contenu ou l'histoire, sinon leur attribution supposée à Barnabé. En ce qui concerne la circoncision, les deux auteurs adoptent un point de vue totalement différent : alors que l'« épître » rejette les pratiques judaïques, l'« évangile », lui, est en faveur de ces pratiques judaïques et musulmanes. Ni l'un ni l'autre ne peuvent être confondus avec « les Actes de Barnabé » qui racontent l'histoire des voyages de Barnabé le martyr et son enterrement ; on pense que ce dernier a été écrit à Chypre un peu après 431.

La presse et les sites islamistes ont fait leurs choux gras de la découverte récente en Turquie d'une prétendue Bible écrite dans la langue araméenne, il y aurait 1500 ans. Les médias musulmans, ainsi que médias occidentaux, ont rapidement sauté sur l'occasion, affirmant que cette "Bible" contient des versets attribués à Jésus-Christ, dans lequel le Christ prédit la venue de Muhammad. Aucun média n'a pourtant publié un fac-similé de ces versets !

De nombreuses versions sont connues des historiens, La plus ancienne mention d'un texte se référant vraisemblablement à l'un des deux manuscrits connus, se retrouve dans un manuscrit morisque, BNM MME 9653, à Madrid, écrit vers 1634 en Tunisie par Ibrahim al-Taybili. En racontant comment, à son avis, la Bible prédit la venue de Mahomet, il parle de « l'Évangile de saint Barnabé où l'on peut trouver la lumière » (« y asi mesmo en Evanjelio de San Barnabé donde se hallara luz »). Puis une autre fois en 1718 par le déiste irlandais John Toland qui dans son œuvre « Nazarenus » mentionne qu'en 1709 il avait été heureux de découvrir un évangile musulman dévoilé par Johann Friedrich Cramer ; et encore en 1734 par George Sale dans The Preliminary Discourse to the Koran. 

Voici quelques éléments de riposte à la propagande de ces derniers jours relayées par la Turquie et les sites islamistes.

1- le problème de la langue et de la datation bidonnée

Cette «bible» est écrit sur le cuir en lettres d'or. Le tableau des inscriptions avant spectacle de couverture en araméen et un dessin d'une croix.

Pour toute locuteur natif de assyrien moderne (également connu sous le nom néo-araméen), et que serait votre moyen assyrienne aujourd'hui, l'inscription est facile à lire. L'inscription en bas, qui est le plus clairement visible sur les photos publiées, dit le texte suivant:

Translittération:" b-shimmit maran Paish kteewa aha ktawa al idateh d-rabbaneh d-dera illaya b-ninweh b'sheeta d-alpa w-khamshamma d-maran"

Traduction: "Au nom de notre Seigneur, ce livre est écrit par les mains des moines du monastère élevé dans Ninive, en l'année 1500e anniversaire de notre Seigneur". Donc le manuscrit n'a pas 1500 ans, c'est écrit dessus comme le port salut !

Ninive est l'ancienne capitale assyrienne et est situé dans l'actuelle nord de l'Irak, près de Mossoul.

Il ya des fautes d'orthographe qui sont immédiatement perceptibles :

Le premier mot, b'shimmit maran ("au nom de notre Seigneur»), est à tort orthographié avec un «t» au lieu d'un «d». Le «d» en assyrien est le génitif, et il préfixe le mot qui suit. Il convient de lire b-Shimma d-maran, pas b-shimmit maran (note, le dernier mot de la phrase est correctement orthographié d-maran ("de notre Seigneur")).

Le premier mot contient également une autre erreur d'orthographe. L'orthographe de ce "nom" en assyrien est ashma, avec le «a» initial se taire. Par conséquent, lorsqu'il est correctement orthographié, «au nom de notre Seigneur» devrait être écrit comme b-ashma d-maran.

Lemot idateh est mal orthographié, il devrait se terminer par un 'a', idata. Aussi l'expression al idateh ("sur les mains") est incorrecte, il faut lire b-idata («par les mains»).

La phrase en bas utilise le mot ("livre") ktawa de se référer à l'ouvrage, mais en assyrien la Bible n'est jamais considérée comme un «livre». On dit awreta (Ancien Testament), khdatta (Nouveau Testament), ou ktawa qaddeesha (livre sacré). Compte tenu de cela, puisque personne n'a vu l'intérieur de cette «Bible», nous ne pouvons pas être sûr qu'il s'agisse d' une Bible.

Plus important encore, cette écriture est en assyrien moderne, qui a été normalisé dans les années 1840. La première bible en assyrien moderne a été produite en 1848. Si ce livre a été écrit en 1500 après JC, elle aurait dû être écrit en classique assyrienne. Il est hautement improbable pour les moines à faire de telles erreurs élémentaires. Il reste à voir si ce livre est un faux, ou même quel genre de livre il s'agit.

 

2) Ce manuscrit aussi irrecevable pour la foi musulmane: 

Par exemple, le livre dit qu'il ya neuf cieux et que le dixième, c'est le paradis alors que dans le Coran, ils sont sept seulement, et affirme que la Vierge Marie a donné naissance à Jésus sans aucune douleur alors que selon le Coran, elle a obtenu les douleurs du travail. Aussi le texte présente un Jésus qui permit la consommation de vin et condamne la polygamie. On voit que utiliser ce texte afin de légitimer l'islamité de Jésus est à double tranchant pour les musulmans. Le site islamiste Oumma.com a pourtant sauté sur l'occasion afin de tenter de récupérer la découverte d'une vieille édition à des fins anti-chrétiennes. Bonjour le boomerang !

3) Les anachronismes et fantaisies historiques

Le livre contient également des informations qui manquent de crédibilité historique comme la présence de trois armées, chacune étant composée de 200.000 soldats, en Palestine alors que toute la population de la Palestine il ya 2.000 ans n'a pas atteint 200.000. En outre, la Palestine a été occupée par les Romains à l'époque et il est impossible que la Palestine fut autorisée à avoir une armée ou des armées de son propre.

La dernière phrase du chapitre 217 dit que 100 livres de pierres ont été placées sur le corps du Christ. Ceci confirme que l'évangile a été écrit tout récemment parce que le premier à utiliser le livre comme une unité de poids était les Ottomans dans leurs expériences avec l'Italie et l'Espagne et il n'a jamais été connu à l'époque de Jésus.

- Le chapitre 20  déclare  que les villes de Jérusalem et de Nazareth sont les ports maritimes !

- Ce même article se termine par "Selon de nombreuses études, l'évangile attribué à saint Barnabé a été écrit par un Juif européenne au Moyen Age, qui était très familier avec le Coran et l'Evangile. Il, par conséquent, les faits mixtes à partir d'ici et là et ses intentions demeurent inconnues. "

- Jésus serait né sous le règne de Ponce Pilate, règne qui commence en fait en 26.

-  "Barnabé" emploie distinctement les termes de 'Christ' et'Messie' comme s'ils avaient des sens différents alors qu'il ne s'agit que de la traduction du même mot (christos). Ainsi, il appelle Jésus "Jésus Christ" mais affirme que "Jésus confessa et dit la vérité : « Je ne suis pas le messie." (ch. 42).

- Il apparait une référence au Jubilé qui est censé se dérouler tous les 100 ans.(Ch. 82), plutôt que tous les 50 ans comme décrit par le Lévitique. Cet anachronisme pourrait donner des indications plus précises sur la date de rédaction, un Jubilé de 100 ans ayant été décrété par le Pape Boniface VIII, décision sur laquelle reviendra dès 1343 le Pape Clement VI qui décréta un retour aux 50 ans traditionnels.

- L'Évangile narre comment "les soldats furent poussés hors du temple comme on pousse les tonneaux quand on les lave pour y mettre du vin". Les tonneaux sont,à l'époque prétendue de sa rédaction, caractéristiques des populations gauloises, la Palestine à cette époque conservant le vin dans des amphores...

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