20/03/2015
Bardo : l'attentat de trop pour un Etat islamique qui risque de perdre son attrait
Jusqu'à présent, les atrocités de l'Etat Islamique pouvaient trouver une justification dans la tradition islamique et les actes de Mahomet, ainsi que l'ont expliqué des journalistes égyptiens et même des responsables musulmans condamnant cette herméneutique mimétique du rapport aux textes fondateurs (Coran-Sîra-Hadith). Réduire en esclavage des Chrétiens, proposer l'alternative conversion, taxe islamique ou la mort, tuer les "hypocrites" (mauvais musulmans), détruire les idoles païennes, inclure les femmes dans le butin de guerre, autant d'attitudes validées par les premiers califes de l'âge d'or de l'islam, les "biens guidés" (rashîdun), les juristes fondateurs des écoles sunnites et Mahomet lui même d'après le hadith. L'attentat contre Charlie Hebdo, à titre d'exemple, correspond à la prescription de tuer celui qui insulte le prophète, codifiée dans la charia sunnite sur la base de la vie de Mahomet, ayant assassiné trois chansonniers jugés trop moqueurs de son vivant.
L'affaire du musée de Tunis va elle à l'encontre de l'éthique islamiste, car tuer de simples civils musulmans pour la visite de ce lieu, qui contient certes des éléments relatifs à l'Empire romain païen et à Carthage, mais aussi un département islamique avec des céramiques et des vieux coran, ne contrevient pas aux interdictions des fous d'Allah.
L'Etat islamique qui avait un pouvoir d'attraction envers des jeunes certes fanatisés, mais non fous, qui pouvaient cautionner nombre de violences, risque de vivre une perte de crédibilité et une vague de réprobation même chez les islamistes les plus convaincus.
Bardo, l'attentat de trop ? Les prochains mois nous diront si, sur la défensive en Irak et en Syrie, l'Etat islamique gagne encore les coeurs des islamistes les plus exhaltés ou si il connaitra une hémorragie de volontaires.
Joachim Véliocas, directeur de l'Observatoire de l'islamisation.
Dernier livre paru Ces Maires qui courtisent l'islamisme, éditions Tatamis, réédition 2015.
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