16/02/2008
Kosovo : démontage de la propagande du Figaro
« Sont censés », comme si ces discriminations n’étaient pas historiquement établies.Le lecteur du Figaro est amené à penser que les discriminations qu’ont subi les Serbes furent imaginaires avant 1986, agitées pour nourrir le "nationalisme". Pourtant, les rapports officiels de l’évêque de Pavle du Kosovo ainsi que d’autres religieux reflètent bien un climat de persécutions caractérisées, et ce depuis des décennies :
1961 : « Il y a deux ans, à la veille du procès d’un terroriste albanais, la porte de la cathédrale de Prizen a été brûlée. Cette année, toutes les plaques des tombes orthodoxes du cimetière de Prizen ont été endommagées. »
1965 : « Emigration forcée des Serbes de la Paroisse de Poduiévo (cent trente-deux foyers) »
1967 : « Pillage des biens du monastère de Detchani »
1968 : « Il n’y a pas, pour ainsi dire, de jour, où leurs bergers ne lâchent leur bétail dans nos champs, nos vergers et nos vignes…Ils saccagent nos plantations, menacent les sœurs et leur jettent des pierres. Ils nous disent « Que pouvez-vous nous faire ? Partez d’ici »
1968 : Soulèvement des albanais contre les serbes dont des milliers choisissent déjà l’exode. Tito encourage l’immigration Albanaise : ces derniers forment déjà 60% de la population (95% aujourd'hui).
1969 : « Depuis le 28 novembre de l’année passée, les Albanais ont posé à Petch six ou sept bombes. Récemment une bombe a été posée dans l’appartement de Milutin Vukovic… »
1969 « Des Albanais ont battu une moniale du monastère de Bintch, qui défendait les biens du monastère. En traversant un village, l’aumônier du monastère de Goriotch a été blessé à la tête par une pierre partie d’une maison Albanaise… »
1969 : Dans le village de Veliko Trnovo « l’église a été si endommagée que, d’un jour ou l’autre, elle pourrait être entièrement démolie par la population Albanaise…La porte de l’église a été brisée, ainsi que toutes les icônes et les vitres. Dans l’église même, les habitants viennent faire leurs besoins »
1972 : Saccage de l’église de Vinarets
1977 : « L’évêque est trainé par la barbe et frappé à la tête »
1978 : « Le prêtre du village de Muchuticht a été attaqué à coups de pierres par des adolescents albanais, et il doit maintenant aller jusqu’à Kruchevats pour y subir un traitement de rééducation »
1981 : « Le patriarcat de Petch est incendié, deux séminaristes sont attaqués à coup de couteaux et de bouteilles cassées »
1983 : Profanation des tombes des cimetières de Retimlié et Opteruchi
1984 : Plusieurs cas de viols à l’encontre des Serbes
1985 : Profanation du cimetière de Velika Reka par des nationalistes Albanais
1986 : « Un cetain Martinovic ne voulant pas quitter ses terres convoitées par des Albanais, s’est vu introduire une bouteille dans le rectum »
1986 : « Les Albanais envoient leurs enfants nous lapider. Ils crachent sur nous. Ils viennent ici, ouvrent la braguette et s’exhibent devant les moniales. Et la police ? Elle vient et repart. »
Entre 1966 et 1971, 35 000 serbes ont été chassés du Kosovo. Le mouvement s'accélère entre 1971 et 1981, période durant laquelle 220 000 furent de nouveau expulsés sous les menaces. Depuis 1966, ce sont 606 localités qui se sont vidées de toute présence serbe.
« Réhabiliter le nationalisme serbe » pour Isabelle Lasserre, c’est donc vouloir protéger les serbes du Kosovo et affirmer une souveraineté élémentaire sur une région livrée à la mafia Albanaise, au reigne de la loi du plus fort.
Et la journaliste du Figaro de continuer : « Slobodan Milosevic est en pleine ascension politique. Il va se servir du Kosovo pour donner un coup d'accélérateur à sa carrière. Le 28 juin 1989, à l'occasion du 600 e anniversaire d'une défaite des Serbes face aux Turcs ottomans, il promet au million de Serbes qui l'écoutent de défendre leur honneur bafoué. Sa campagne va mettre le feu aux poudres »
C’est donc Slobodan Milosevic qui met « le feu au poudre », pour simplement avoir promis aux serbes ce 28 juin 1989 : « C’est fini : vous ne serrez plus battus. ». On a connu des pyromanes plus dangereux. Etrange inversion des rôles entre agresseurs et agressés.
Toujours dans le même article :
« Sur les collines de la Drenica, dans ce cœur pauvre du Kosovo, un groupe armé clandestin, l'UCK, tire les leçons de l'échec de la stratégie pacifiste de Rugova. La rébellion, née dans les milieux marxistes-léninistes proches du président albanais Enver Hoxha et soutenue par la diaspora, se propage dans les campagnes. Les accrochages entre la guérilla indépendantiste et les forces serbes se multiplient. Belgrade intensifie la répression. En janvier 1999, le massacre de 45 Albanais, à Racak, est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. »
Isabelle Lasserre esquive l’aspect purement terroriste de l’UCK, qui -elle se garde bien de le mentionner- s’en prenait surtout aux civils de toutes les ethnies, avant que les forces serbes en viennent à intervenir, pour tenter de sauver ces derniers et rétablir l'ordre public.
En 1996, l’UCK revendique l’assassinat de deux policiers. Entre février 1996 et février 1998, elle a commis 152 attentats, responsable de 70 morts, dont une quarantaine de Serbes, notamment une quinzaine de policiers, les autres étant des « Albanais » considérés comme des « traîtres » par l’UCK. Le chercheur Alexandre del Valle précise dans son étude de référence sur cette période : « Pour la seule période allant de 1993 à 1998, l’UCK aurait assassiné près de 200 policiers serbes du Kosovo, 125 civils albanais jugés « collaborateurs » des Serbes, près de 120 civils serbes ou appartenant à d’autres minorités non albanaises du Kosovo (Tziganes, Croates, Monténégrins, Gorancis, etc.) sans parler des 300 civils grièvement blessés par les soldats de l’Armée de « libération ».[1]
Isabelle Lasserre sous entend que les « 45 Albanais à Racak » sont des civils lâchement massacrés par les serbes. La fameuse « goutte d’eau », instrumentalisée pour déclencher les frappes aériennes de l’Otan.
Il est important de revenir sur cet évènement, point d’orgue de la propagande de l’Otan, concoctée par les agences de psychological opérations, telles Hill and Knowlton ou Ruder Fin, qui avaient remporté le marché de la désinformation anti-serbe, commandé par les Etats-Unis. C'est toujours Alexandre del Valle qui explique le mieux ces mécanismes de propagande :
« Que s’est-il vraiment passé [ à Racak] ? En fait, après avoir averti les vérificateurs de l’OSCE, et en représailles à une vague d’attentats antiserbes perpétrés la semaine précédente, les forces de l’ordre yougoslaves avaient effectivement lancé une opération antiterroriste contre le village de Raçak, fief de l’UCK, qui avait depuis plusieurs mois rompu les accords de cessez-le-feu, et une équipe américaine de l’agence APTV avait été autorisée à filmer les combats. A 15 heures précises, les forces serbes contrôlaient le terrain, le centre de presse de Prisina annonçant la mort effective de quinze combattants de l’UCK. D’après les différentes versions, le chiffre des victimes varierait du simple au triple : entre 15 et plusieurs dizaines selon Belgrade, 37 selon l’OSCVE, 45 pour les Américains, 51 selon les Albanais. Mais les images de la cassette tournée par l’équipe d’APTV contredisent radicalement les différentes versions officielles receuillies et diffusées par la presse occidentale. Sur le film c’est un village quasiment vide que les pioliciers investissent. En revanche, les Serbes subissent un feu nourri venant des tranchées de l’UCK creusées juste au-dessous du village. » Les forces Serbes auraient-elles été assez inconscientes pour s’en prendre à des civils devant les caméras américaines ? Alexandre del Valle poursuit : « On sait aujourd’hui, grâce, grâce aux différentes enquêtes des médecins légistes de plusieurs pays que les « villageois » en question étaient des soldats de l’UCK habillés en civils, âgés de 20 à 50 ans, et qu’il n’y avait qu’une femme et pas d’enfants. En plus, une partie des tués n’étaient pas originaires du village[2] »
Poursuivons l’analyse du Figaro : « Le 24 mars 1999, l'Otan déclenche une campagne de bombardements aériens contre la Serbie. Des centaines de milliers d'Albanais sont chassés du Kosovo par les troupes de Milosevic »
Sous entendu, les forces Serbes se livrent à une épuration ethnique. En fait, les populations fuyaient les zones de combats entre l’UCK et les forces de sécurités serbes, ce qui est logique, en plus de fuir les bombardements de l’Otan, qui ont largement accéléré l’exode.
Pour finir, Isabelle Lasserre se garde bien de préciser que l’indépendance du Kosovo viole la Charte des Nations Unies relative à la souveraineté des Etats, de l’Acte final d’Helsinki de 1975 sur l’intangibilité des frontières des pays européens. Qui plus est, la reconnaissance d'un tel état par les pays de l’Otan, se ferait en violation de la résolution 1244 de l'ONU qui reconnaît la souveraineté de la Serbie sur sa province et berceau historique.
« Convaincue du caractère inévitable de l'indépendance, la communauté internationale s'investit dans un dernier effort pour tenter de rapprocher les deux parties ». Apparemment, des grands pays comme la Russie et l'Espagne, et des plus modestes comme la Roumanie et Chypre ne font pas partie de cette communauté. Non ce « caractère inévitable » n’existe que dans l’esprit de la journaliste.
Mais Le Figaro, propriété du député UMP Dassault, pourrait-il se permettre de critiquer les choix de Nicolas Sarkozy ?
Joachim Véliocas, Observatoire de l’islamisation, février 2008.
Auteur de « L’islamisation de la France » (Editions Godefroy de Bouillon, 2007)
16:35 Publié dans 28- DOSSIER BALKANS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marine le pen, ump, ps, modem, sarkozy, france, royal | | Facebook | |
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