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30/09/2014

Grand cadi d'al-Andalus, le grand père d'Averroès exigea la déportation des chrétiens

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Professeur de pensée et civilisation arabes à l'université de Toulouse-II, Dominique Urvoy est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Les Penseurs libres dans l'Islam classique (Albin Michel, 1996), Histoire de la pensée arabe et islamique (Seuil, 2006). Il revient dans sa biographie d'Averroès (Ibn Rushd) sur l'attitude de son grand-père vis-à-vis des chrétiens andalous, alors qu'il est le gardien de l'orthodoxie musulmane de par sa fonction :

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17/09/2014

Averroès, référence méconnue des djihadistes contemporains

averroes.jpgLe professeur Luis Gomez Garcia (Madrid, 1967) est professeur titulaire de la chaire d'Etudes Arabes et Islamiques de l'Université Autonome de Madrid. Dans son Diccionario del islam, éditions Espasa, paru en 2008 avec le concours du Ministère de la culture espagnol, l'entrée "Jihad" rappelle que le paragon de l'islam des lumières, référence obligatoire d'un islam présenté tolérant, était lui même favorable au jihad offensif (nous l'avions déjà évoqué dans un article) :

"Le Jihad belliqueux, s'il recouvre un caractère défensif, recouvre, plus fréquemment, un caractère offensif et économique (> Butin). Son origine est liée à l'expansion de l'Etat islamique, et, comme le signale Averroès (1126-1198) dans son Bidâyat al-muchtahid wa-nihâyat al-muqtasid, ne fut pas une fin en soi (le jihad est le résultat du fâsad, du désordre et de la corruption), mais bien mieux un moyen légitime pour que l'Etat puisse accomplir sa mission ultime: la concrétisation de l'ordre universel islamique. Le jihâd tenait un caractère subsidiaire, auparavant devaient être remplies certaines conditions, comme le recours à des moyens pacifiques pour convaincre la population de rejoindre d'ordre islamique. Dans ce sens, selon Averroès, l'objectif du jihad dans le sentier de l'islam n'était pas exclusivement la conversion, mais également, une fois soumise l'Arabie paienne, la capitulation de la population dhimmi limitrophe (Chrétiens et Zoroastriens) et leur soumission au pouvoir califal, symbolisée par le paiement de l'impôt de la capitation ou jizya. Ce jihad de caractère offensif fut consubstantiel à l'Empire islamique, ou, ce qui revient au même, à l'expansion de l'islam vers les territoires non islamiques ( > dar al -harb, rabita) , et, en termes politiques, il servit tant pour légitimer le califat que pour souder la oumma. Il est symptomatique que Abd Allah Azzam (1981-1989); "l'imam du jihad" pour le jihadisme moderne, recourre, entre autres, à Averroès dans sa démonstration doctrinale de l'obligation du jihad en islam." (page 362)

Le professeur Gomez Garcia présente le profil du théoricien jihadiste à l'entrée "djihadisme" de son dictionnaire page 365 :

"Abd Allah Azzam fut un militant actif des Frères Musulmans jordaniens, diplomé de l'Université islamique d'Al-Azhar. Il rompit avec les Frères jordanniens en 1980 lorsque ceux-ci refusèrent de s'engager militairement en Afghanistan en se contentant d'aide humanitaire. Deux oeuvres de Azzam sont des classiques du jihadisme: Ilàn al-jihad  (La déclaration du jihad, 1984) et Rejoins la caravane, (1987). Dans le premier ouvrage, Azzam établit que le jihad est une obligation individuelle (fard al-ain) et soutient qu'il est la majeure forme de dévotion, pour la sauvergarde de l'islam et de ses maux internes - impiété (kufr) et sédition (fitna)- et surtout, contre le pire mal qu'est l'idolatrie (shirk) dans toutes ses formes, mêmes modernes -consumérisme, matérialisme, individualisme, athéisme-. Azzam s'appuie sur toute la réserve des hadith, présents dans Al-Manar (le phare), la volumineuse compilation du juriste neohanbali Ibn Qayyim Al-Jaziya (1290-1350)"

Al-Jaziya, élève de Ibn Taymiya, est cité comme référence par l'imâm de Bordeaux Tareq Oubrou dans son livre Profession imâm, Albin Michel 2010 (tout comme Ibn Taymiya à trois reprises!). Nous avions explicité dans Ces Maires qui courtisent l'islamisme (Tatamis, 2010) la théorie du djihad offensif chez Al-Jaziya, auteur cher aux imams de l'UOIF soutenus localement par l'UMP et le PS...

Observatoire de l'islamisation, avril 2013

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26/08/2010

Averroes aurait-il été censuré par le CSA ?

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(note initialement mise en ligne en mars 2010)

Alors que le club ethnique Averroes veut saisir le CSA quant aux propos d'Eric Zemmour sur la surdélinquance des "noirs et des arabes", il est bon de rappeler qui fut Averroes : d'abord un musulman voulant appliquer la charia, donc le djihad. 

Extrait de mon livre L'islamisation de la France (éditions de Bouillon), pages 41-42 :

" Pour Averroès, la charia ne se discute pas, celui qui aurait l’audace de le faire s’exposerait à des châtiments justifiés. La sagesse, selon lui, a pour principe de faire allégeance à la Loi en estimant aveuglément le législateur. Toute opposition aux prescriptions de la charia fait planer la menace de la division de la communauté des croyants, et à ce titre, sème le trouble, le désordre (fasâd), réprimandable par l’exécution. Ainsi, dans son livre Tahafut al-Tahafut, Averroès recommande de tuer les hérétiques. L’islamologue Dominique Urvoy[8], dans sa biographie d’Averroès[9], écrit que le philosophe aurait été obligé d’accepter la condamnation de Salman Rushdie s’il avait vécu à notre époque. Le jihâd, Averroès lui consacra un chapitre dans son livre Bidâyat al-Mudjtahid ainsi que dans la Paraphrase de la République de Platon dont est tiré l’extrait suivant : 

« Les nations de l’extérieur […] doivent être contraintes. Dans le cas de nations difficiles, cela ne peut se produire que par la guerre. Il en est ainsi dans les lois qui procèdent conformément aux lois humaines, comme dans notre loi divine. Car les chemins qui dans cette loi conduisent à Dieu […] sont au nombre de deux : le premier passe par le discours, le second par la guerre »[10]

 

Ainsi Averroès expose une version orthodoxe de la charia concernant les nations du territoire d’infidélité, la soumission par la conversion ou le combat. Son biographe Al-Ansârî al-Marrâkusî, s’appuyant  sur le témoignage d’un disciple Abûl-Qâsim b. at Taylisân (1179-1244), rapporte qu’Averroès, dans un prêche à la Grande Mosquée de Cordoue,  appela au jihâd offensif contre les royaumes chrétiens du Nord.[11]

 

Pour en finir avec le mythe d’un Averroès tolérant, il faut aussi rappeler ce qu’il avait en commun avec les théories nazies sur l’eugénisme : l’élimination des handicapés mentaux.

 

Le professeur  Rémi Brague[12], dans une contribution à l’ouvrage collectif « Enquêtes sur l’islam »[13], réalisa un chapitre sur le « jihâd des philosophes » dont les informations dispensées servent  à cet éclaircissement. Il conclut son article par un propos allant à l’encontre des idées reçues sur les philosophes estimés paisibles du monde islamique :

 

« Dans son approbation de la guerre, la falsâfa est encore plus radicale que la pratique islamique ordinaire. Celle-ci a pour but la conquête de l’Etat, non celle des esprits ; il s’agit de s’emparer du pouvoir. D’après la doctrine islamique ordinaire, la conversion à long terme des peuples conquis est hautement souhaitable, mais n’est pas une fin première.[…] La fin principale est la paix (salâm), c'est-à-dire, la domination islamique sur un domaine « pacifié » (dâr as-salâm). Les philosophes développent une doctrine d’après laquelle la guerre sainte peut conduire à la philosophie, ce pour quoi ils veulent aussi conquérir les âmes. »[14]

 

Questions : Si Averroes vivait à notre époque, le CSA accepterait-il qu'il intervienne sur Canal + ? Pourquoi ne pas saisir la Halde afin de demander la condamnation d'un club ayant choisi le patronnage d'un djihadiste, dont le nom peut être à lui seul considéré comme une "incitation à la haine à l'égard d'une religion déterminée" puni par la loi Pleven à 5 ans de prison et 45000 euros d'amende ?

Joachim Véliocas, Observatoire de l'islamisation.

 


[8] Dominique Urvoy enseigne la pensée et la civilisation arabe à l’université Toulouse-Le Mirail, après avoir été professeur d’université à Damas, Beyrouth et Dakar. Il a écrit de nombreux ouvrages.

[9] Dominique Urvoy, Averroès. Les ambitions d’un intellectuel musulman, Flammarion,1998 p.146.

[10] Averroès, Commentary on Plato’s Republic, éd Ralph Lerner, Ithaca/Londres,1974, I,VII,11,p.26,14-18

[11] Voir J.Pui, « Materialon Averroes’Circle » in JNES,LI,1992,p.257.

[12] Rémi Brague est professeur de philosophie médiévale à Paris-I Sorbonne et à Munich.

[13] Anne Marie Delcambre, Collectif, Enquêtes sur l’islam, Desclée de Brouwer, 2004. Les meilleurs spécialistes de l’islam français ont collaboré à cet ouvrage: Edouard-Marie Gallez, Dominique Urvoy, Gérard Troupeau, Samir Khalil Samir, Maurice Bormanns.

[14]Op.Cit, p262

22:28 Publié dans 02- COMPRENDRE L'ISLAM | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eric zemmour, averroes | |  Facebook | |