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12/10/2009

La conquête de Rome sera "pacifique" selon Tareq Oubrou

  Le livre d'entretiens de l'imâm de Bordeaux Tareq Oubrou était très attendu par les observateurs de l'islam en France. Sorti le 1er octobre, les critiques sont encore quasiment inexistantes. Dommage, car celui qui dirigera la Grande mosquée de Bordeaux construite sur les 8,5 hectares mis à disposition par la magnanimité d'Alain Juppé, n'est guère convaincant lorsqu'il affirme avoir "évolué"  (p.89) et effectué un "grand tournant théologico-canonique" (p.38). Tel Saint-Paul sur le chemin de Damas ? L'imam Oubrou, qui affirmait il y a quelques petites années à ses fidèles qu'il était de leur devoir de contribuer à restaurer le Califat en considérant les frontières des Etats-nations "hérétiques",  se trouve dans un situation délicate depuis que nous avons révélé une de ses conférences teintée d'islamisme radical contenant l'énorme citation: "La politique des musulmans ce n'est pas la politique des autres, la politique des autres est construite sur le mensonge" (sic).

  La stratégie du "changement", classique de la communication politique, est une grosse ficelle qui ne trompe personne. Surtout pour quelqu'un issu de l'école de pensée des Frères Musulmans (il assume cette filiation dans son livre), confrérie bien connue pour sa culture du secret et dont le principe est d'avancer masquer, Dawa'  (la prédication en terre non-musulmane) oblige.

 Les deux universitaires l'interrogeant dans son livre (Michael Privot et Cédric Baylocq) posent les bonnes questions, et après avoir évoqué la taqiyya, le mensonge légal autorisé pour mieux avancer en terrain hostile, ils interrogent l'imam marocain (page 138) sur l'annonce de la conquête de Rome, prophétie de Mahomet, réitérée à l'occasion du dernier congrès de l'UOIF, auquel participe Tariq Oubrou chaque année, en tant que membre fondateur :

" Cette thématique d'une Europe en voie de conquête mine les esprits, donc le dialogue. Le problème, c'est qu'elle est relayée par certains prédicateurs arabes. Ainsi, Khaled Mashal al-Murabit ( du mouvement Hamas) qui, de sa chaire d'une mosquée damascène, déclare : " La nation de l'islam prendra place sur le trône du monde et l'Ouest sera tout remords quand il sera trop tard. Ils pensent que l'histoire s'est terminée avec eux, ils ne savent pas que la Loi d'Allah ne peut pas être modifiée ou remplacée, vous ne devriez pas trouver de substituts à la Loi d'Allah" . Ou, ici même, un Tariq Swaidan (Koweit) qui dans son intervention lors du vingt-sixième rassemblement des musulmans de France (organisé par l'UOIF au Bourget en 2009) , cite un hadîth qui prédit la conquête de Rome en disant que les musulmans ne doivent pas craindre de le citer, et reçoit de la salle des applaudissments nourris.

Réponse de Tareq Oubrou :

"Quant à la conquête (fath) évoquée dans le hadîth bien précis, il n'est pas dit qu'elle doit être une opération militaire, mais pourrait être une simple présence pacifique, une "présence témoin". (page 138)

   Une "présence témoin" ? Drôle d'expression lorsqu'on sait que la signification du terme témoignage en arabe (shahada, également profession de foi) a la même racine que le mot martyr (shahid, pluriel Shuhada). Et cela marche aussi en français, le mot "martyr " provenant du latin martirium, lui même provenant du grec ancien μάρτυς « témoin ». Etonnant non ?

  Il serait interressant que l'imam développe ce curieux concept de "conquête pacifique" de Rome, donc également du Vatican, devant le maire de Rome Giovanni Alemano et Benoit XVI. Pour Alain Juppé, collaborant au projet de la Grande mosquée, cela ne doit pas être un sujet d'inquiétude pour celui qui dit de Benoit XVI qu'il "commence à poser un vrai problème"  en le qualifiant d' "autiste".                            

   En tout cas, si la presse continue à taxer les oppsosants à la Grande mosquée de marginaux d'extrême droite, elle ne pourra assurément plus tenir longtemps ce rôle d'allié objectif de Tareq Oubrou. Quant à Alain Juppé, si il persiste dans la voie de la collaboration, sa fin de carrière risque de ne pas être très glorieuse. Qu'il soit assuré que la résistance française ne le lâchera pas d'une semelle, des rues de Bordeaux aux rayons des librairies. N'a-t-il pas dîné avec un éditeur parisien l'ayant tancé sur sa Grande mosquée en juin dernier ? Apparemment, il n'a pas percuté le message cette soirée là...

Joachim Véliocas, directeur de l'Observatoire de l'islamisation. Auteur de L'islamisation de la France (éditions de Bouillon, 2007)

Note concernant le hadîth ( propos de Mahomet rapporté par ses compagnons formant la charia avec le Coran) évoquant la conquête de Rome: 

Ibn Qatîl rapporte : "Nous étions chez 'Abdoullah Ibn 'Umar quand quelqu'un lui demanda : Laquelle des deux villes, Rome ou Constantinople, sera-t-elle prise en premier ?
'Abdoullah se fit alors apporter un coffre muni d'un anneau, dont il tira un écrit ainsi rédigé : "Nous étions chez l'Envoyé de Dieu, quand on lui demanda :
"Laquelle de ces deux villes, Rome ou Constantinople, sera-t-elle prise en premier ?"
L'Envoyé de Dieu répondit : C'est la ville d'Héraclius, c'est-à-dire Constantinople, qui sera prise la première". (Ahmad 2/176, ad-Dârimi 1/126, et Al-hâkim 3/422)