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26/02/2008

Kosovo-Metochie, 600 ans de martyr

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(Photo: monastère de Decani, 14 ème siècle, édifié avant les invasions ottomanes et albanaises)
                                                            
   Nul petit territoire n’a connu tant d’invasions, de  persécutions de ses habitants, de saccage de son patrimoine que le Kosovo-Metochie, dont l’histoire s’apparente à une Passion continue, un sacrifice sans cesse renouvelé par les attaques successives des Ottomans, des troupes nazies où s’enrôlaient en masse les Albanais, renouvelé par le joug d’un communisme pro-albanais puis par une Allemagne vengeresse et des Etats-Unis intéressés.   

                                                      

    Arrivés dans le sillage des Indo-européens, les Serbes (Sorabes) arrivent au Kosovo au VII ème siècle, alors territoire de Byzance peuplé essentiellement de Dardanais romanisés. Convertis au christianisme durant le IXème siècle, ils obtiennent de Byzance la charge des Fondations pieuses, leur donnant pour mission d’établir églises, monastères, ermitages, et leur corollaire en des hôpitaux et des orphelinats. La Serbie devient un Etat autonome dès le XIIème siècle, suite aux traités convenus par Stéphane Nemanja (1114-1200) avec Byzance. Aussitôt, le Kosovo et la Metochie deviennent le centre politique et spirituel de la jeune nation, reprenant les centres religieux et administratifs byzantins de Prizren et Lipljan (futur diocèse de Gracanica). Les chroniqeurs de l’époque ne sont autre que les propres fils de Nemanja, Saint-Sava et Stéphane le Premier, attestant le rôle prépondérant des palais royaux du Kosovo (Pauni, Stimjla, Petric…) dans l’organisation du Royaume n’ayant encore pas de capitale.

                                                       

   L’Eglise orthodoxe Serbe devient autonome en 1219, par l’établissement d’un Archevêché composé de 10 diocèses, transféré dans la Grande Eglise du Christ Sauveur à Pec ( Kosovo) dès 1253, qui deviendra Patriarcat en 1346.

                                             

   Les Ottomans, dans la foulée de la prise de Constantinople (1453), continuent leur progression vers l’Occident et obtiennent la reddition de  Vukašin Mrnjavčević, roi de Serbie, à la bataille de la Maritza en 1371. Dès lors, le Royaume évangélisé par Cyrille et Methode, se trouvant en première ligne face au monde musulman, ne connaîtra guère de répit.

   Le 15 juin 1389, c’est au tour du Prince Lazare de s’incliner, lors de la mythique et héroïque  bataille de Kosovo Polje, connue sous le nom du champ des merles.

   Lorsque les turcs prirent totalement le Kosovo-Metochie, en 1455 à la chute de Novo Bdro, ils procédèrent à un premier recensement[1], où ne figuraient que 3% d’Albanais.

 

   Au XVIème siècle, l’occupation turque ne peut toutefois faire table rase de l’identité du Kosovo. Des recensements turcs de 1525/6 et 1544/5 réalisés sur le territoire de Cicava, petite portion du Kosovo appelé la « Montagne Sainte Serbe » font mention de « 52 églises et monastères au total », dont 36 sont encore identifiables aujourd’hui. Rien que dans la ville de Prizen, ces mêmes recensements relevaient 26 églises. En 1999, à l’arrivée de l’Otan, Prizen est passée de 8500 habitants serbes à 60, et de 13 églises en fonctionnement à... aucune.

                        

   Le Grand Exode des Serbes, en 1690, suit la défaite des armées chrétiennes, autrichienne et serbe, par les forces turques qui, appuyées par des Tatares et des Albanais, procèdent à des expéditions punitives notamment au Kosovo, où la population civile est soit tuée, soit déportée en Turquie pour finir en esclavage, tandis que les églises et les monastères sont vandalisés.

                          

   Le patriarche Arsène III Crnojevic négocia alors avec Vienne l’accueil de 37 000 familles, autorisées à pratiquer leur culte chez l’empereur d’Autriche.

                            

   Le Grand Exode a laissé d’innombrables témoignages dramatiques de contemporains des évènements. Un chroniqueur italien, Simpliciano Bizozeri rapporte : « Ne rencontrant pas d’obstacles à leur bestialité, les mahométans forcèrent les Serbes, retranchés à Novi Pazar, à chercher leur salut  au monastère de Studenica. Simultanément, arrivèrent les Turcs venant de Bosnie et les Tatares de la plaine du Kosovo. Les chrétiens avaient été chassés de Prizen, Pec, Vranje, Vucitrn, Mitrovica […] Après avoir égorgé tous les habitants, on mit le feu et on transforma en cendre leurs pauvres cabanes.Ne furent épargnées que les villes de Pristina, Pec et Prizren, car venaient s’y installer les Albanais en vue de passer l’hiver »[2]

   Un manuscrit du monsatère de Decani (n° 97, feuillet 16) rapporte :« Les Turcs et tatares ne semaient que terreur et tristesse. Et lorsque les Musulmans prirent le contrôle, un certain Gasli-pasa s’attaqua au monastère de Decani et laissant l’higoumène à peine vivant et le monastère complètement délabré. »[3] après avoir précisé que femmes et enfants furent séparés, les jeunes réduits en esclavage et les plus vieux assassinés.

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(photo : Liturgie au Monastère de Decani)

  Jusqu’au XVIII, malgré ces tourments, la population serbe reste ultra-majoritaire. Les albanais vont progressivement arriver de leurs montagnes sur la plaine du Kosovo et en Metochie, et, forts de leur statut de janissaire ou de leurs organisations en cetas (détachements) , se mettent à piller et à convertir de force les chrétiens.

                     

   Le second exode le plus important des Serbes du Kosovo et de Metochie survient en 1737, au lendemain de la défaite des autrichiens, qui est suivie par une vague de persécution au Kosovo, avec le départ du patriarche serbe Arsène IV.

                                 

500 000 serbes auraient quitté la Vieille Serbie au cours des XVIII et XIXème siècle selon les historiens.

                         

   Une lettre poignante de l’higoumène de Decani, au nom de la population opprimée du secteur  de Pec, adressée au Sultan, résume la situation au milieu du XIX ème siècle. Il se plaint « des actes de tyrannie et des abus des Albanais, qui dépassent toute mesure ; si on n’y met pas fin, nous serons forcés de nous exiler de notre propre pays, abreuvé du sang de nos ancêtres, et quitter nos foyers…Car nos sanctuaires eux-mêmes ne sont pas laissés en paix de la part des malfaiteurs. Il n’y a pas de foyer chrétien qui n’ait été pillé, il n’y a pas de village, de ville, ni d’église ni de monastère qui n’a pas été exposé à la violence… »[4]

   Les témoignages historiques sont innombrables, ils sont tous du même acabit. On se bornera à citer les grands mouvements d’épurations :

Au cours de la période 1880-1912, 150 000 serbes environ furent chassés du Kosovo.

                          

                                       

   Lors de la première guerre mondiale, les Albanais alliés aux Allemands occupèrent la Serbie vaincue, et une insurrection serbe fut rudement réprimée, jusque dans le monastère de saint-Marc de Korisa, où la population s’y réfugiant fut massacrée. Pas moins de 22 hiérarques de l’église orthodoxe, métropolites, hieromoines et archiprêtres furent méthodiquement assassinés  lors de l’occupation de 1915-1918.

                           

 Lors de la seconde guerre mondiale, les exactions redoublèrent d’intensité. Les albanais, alliés des forces de l’Axe, ont obtenu l’annexion du Kosovo dans une Grande Albanie mythifiée. Stefano Fabei dans son étude magistrale « le Faisceau, la Croix Gammée et le Croissant » (Editions Akribeia, 2006) explique :

             

«  un Comité albanais du Kosovo organisa une campagne d’épuration ethnique contre les Serbes orthodoxes qui habitaient dans la région du Kosovo et dans celle de Metohija. Cet appel au djihad contre les Serbes chrétiens fut lancé par Bedri Pejani, chef musulman du Comité national albanais, qui demanda l’union de la Grande Albanie avec la Bosnie, l’Herzégovine et le Sandjak au sein d’un grand Etat islamique. Les Allemands refusèrent toutefois cette revendication apparemment soutenue par le Mufti » page 365 (ndlr : Al-Husseini, le Grand Mufti allié à Hitler)

                                        

   Après la chute du fascisme en juillet 1943, les forces albanaises se rangent derrière Hitler : les volontaires du Kosovo rejoignent le XXIème Gebirgs-Korps occupant le territoire, et 7 000 albanais s’engagent dans la 21ème division de Waffen SS.

Himmler constitue en avril 1944 une division SS de montagne connue sous le nom de « Skanderberg » nom d’un héro national du XVème siècle. Stefano Fabei précise :

                                                   

« Le recrutement fut effectué par le Parti nazi albanais […] il était prévu de recruter majoritairement des éléments kosovars, car, de l'avis des hautes instances des SS, les Albanais du Kosovo descendaient d’anciennes tribus aryennes et faisaient les meilleurs combattants […] La division fut parrainée par Mustafa bey Frashery, chef politique et religieux de la communauté islamique albanaise » page 365

                                

   Le drapeau de ces troupes ? L’aigle bicéphale noir sur fond rouge, symbole de la Grande Albanie, que l’Union Européenne aimerait changer comme pour exorciser ses propres turpitudes…

                          

   L’occupation albano-nazie a provoqué l’expulsion de plus de 50 000 civils serbes du Kosovo, la destruction des monastères de Devic, de Saint Marc de Korisa, le pillage de celui de Gracanica. L’église du monastère de Gorioc servit aux albanais de prison pour y enfermer les serbes. Les églises incendiées furent celle de Saint-Pierre près de Prizen, celles de Bistrazin et Seremet, de Donj Ratis, de Ponosevac et Rastavica etc. (mon document de travail en cite 17 avant de mettre Etcetera).

                     

   La Yougoslavie de Tito a interdit, lors d’une session parlementaire en date du 6 mars 1945, le retour au Kosovo-Métochie des Serbes chassés par les Albanais au cours des précédentes guerres. Tito renforça l’immigration Albanaise, et ira jusqu’à parrainer chaque cinquième enfant des familles albanaises. Pendant la période communiste, fut octroyée au Kosovo le statut de Région autonome puis de Province autonome  effectif à partir de 1968, qui eut pour conséquence d'exclure les Serbes, ormis quelques faire-valoir du PC, de la gestion des affaires . Les communistes couvraient les crimes et les exactions des albanais, et réduisaient au silence l’Eglise orthodoxe. Entre 1966 et 1971, 35 000 serbes furent chassés du Kosovo. Le mouvement s’accéléra entre 1971 et 1981, où 220 000 Serbes furent chassés de leur terre. Le point d’orgue des persécutions, avec son lot de profanations de lieux Saints, culmina lors du 16 mars 1981, avec l’incendie par des Albanais du Patriarcat de Pec, qui abritait 60 moniales. Les autorités communistes s’efforcèrent de cacher ce crime pendant un an.

                                                

   Un Appel pour la défense de la population serbe et de ses lieux saints du Kosovo et de Métochie, signé par 21 prêtres et moines orthodoxes, fut alors publié au nom de tout le clergé du Patriarcat Serbe dans une perspective d’apaisement :

                               

« Dieu nous est témoin ainsi que notre conscience : nous ne voulons aucun mal aux Albanais et souhaitons simplement que notre peuple et nos sanctuaires soient protégés…Aux Albanais nous ne voulons que du bien, nous le disons devant Dieu »

                                      

   Irréprochable, l’Eglise orthodoxe Serbe du Kosovo s’est toujours désolidarisée du communisme même après l’arrivée de Milosevic. Lors de son Memorandum publié en mai 1992, l’Assemblée des évêques serbes affirmait : « L’Eglise orthhodoxe serbe et le peuple serbe n’ont jamais été partisan du communisme athée ni de toute autre idéologie totalitaire… »

                                            

   Le danger de la « Grande Serbie » est une pure propagande albanaise, reprise servilement par les médias de la zone Otan, complètement ignares de l’histoire serbe. Le danger imaginaire de la « Grande Serbie » était aussi agité par les communistes, dont Milosevic, pour mieux oppresser le peuple Serbe. Milosevic qui joua un jeu dangereux en fermant les yeux face à l’émergence de groupes armés albanais, dont les excès et les méthodes terroristes le contraindra à faire intervenir les Forces régulières serbes.

                                                                

   Malgré sa neutralité, coincée entre les Forces serbes communistes et l’UCK organisation considérée terroriste à juste titre (même par les Etats-Unis avant de financer le mouvement !), malgré sa bienveillance à l’encontre des victimes civiles albanaises (plusieurs monastères orthodoxes ont organisé lors de l’hiver 1998-99 une aide humanitaire pour les Albanais, ouvrant leur portes à l’image de celui de Decani), l’Eglise orthodoxe serbe a continué d’être persécutée après le retrait des Forces serbes, jusqu’au point culminant de mars 2004, alors qu’elle n’a été mêlée ni de près ni de loin à la guerre.

 

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(Eglise de la Sainte Trinité à Petric, détruite en 1999 par les Albanais)

                       

   Parmi les nouveaux ennemis de la Serbie, on notera avec quelle couardise la France, pourtant l’alliée historique, a rejoint l’Allemagne et les Etats-Unis dans la folle aventure de 1999. Les services allemands, le BND, avaient installé dès 1996 une importante station à Tirana avec pour directeur Hansjorg Geiger, et une autre à Rome, pour sélectionner et entraîner les combattants de l’UCK. Le Militaramschirmdienst et les forces spéciales des KommandosSecialkrafte (KSK) entraînaient d’autres membres de l’UCK dans les monts de Mirdita au nord de l’Albanie. Toujours en 1996, l’adjoint du chef du BND Geiger, Rainer Kesserling, fils du général de la Luftwaffe responsable du bombardement de Belgrade en 1941 qui fit 17 000 morts, contrôlait l’entraînement par les KSK des recrues albanaises dans une base turque à Izmir...l'histoire se répète.

                                         

    La France, elle, s’humilia dans une telle alliance, en devant acheter les munitions de ses Super-étendarts aux américains, et n’opérant que de jour, ses avions de chasse n’étant même pas équipés de vision nocturne. Pour finir d' abbattre une armée exsangue et mettre 500 000 serbes au chômage, les infrastructures économiques servant de cible, il y a des repentis qui se sont suicidés de honte pour moins que cela.

                                      

   Non que la France eut à se ranger aveuglément aux côtés de Slobodan Milosevic, mais en s’alliant à une organisation mafieuse, christiannophobe et terroriste, elle a contracté une dette sanglante envers le peuple Serbe resté fidèle à son Eglise.

                        

Joachim Véliocas, Observatoire de l’islamisation, février 2008.

Photos : Kosovo.net

  Document de travail principal : Memorandum sur le Kosovo et la Metochie, de L’Assemblée des évêques de l’Eglise Orthodoxe Serbe, édité par le Saint Synode des Evêques de l’Eglise orthodoxe Serbe. Mai 2003.


[2] Simpliciano Bizozeri, La Sacra Lega contro la potenza Ottomana, II, Milan, 1700

[3] Lj. Stojanovic, Vieux récits et inscriptions serbes, 3ème livre, n° 5302

[4] L’higoumène de Decani Serafim Ristic a rassemblé et édité dans un ouvrage à part les plaintes poignantes des Serbes du Kosovo et de Metochie à la suite des agressions commises par les Albanais et les Turcs. Ce livre de témoignage a reçu le titre caractéristique de « Pleurs de la Vieille Serbie », Zemun, 1864 , où on trouve le témoignage cité.

22:38 Publié dans 28- DOSSIER BALKANS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marine le pen, ump, ps, modem, sarkozy, france, royal | |  Facebook | |

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